Jeunes chercheurs : un atout majeur face aux défis de demain

Jeunes chercheurs : un atout majeur face aux défis de demain
Paris – 17 février 2012
Chantelot Pierre
Responsable de la Commission Enseignement Supérieur et Recherche du Parti de Gauche

Les réformes imposées depuis maintenant une dizaine d’années (LMD, LOLF, pacte pour la recherche, loi LRU, formation des enseignants, opérations dites «  d’excellence  », «  refondation  » de la licence…RGPP) font obstacle aux libertés et à la diversité de la recherche, mettent en concurrence les établissements entre eux, les personnels entre eux, et accentuent les inégalités entre territoires.
Pour ce qui concernent les universités, leur autonomie a fait émergé 3 grandes conséquences.

Tout d’abord, les pouvoirs du président d’université augmentent (prime présidentielle, droit de véto pour les embauches,…) et le débat démocratique perd du terrain (des conseils qui émettaient des propositions ne deviennent que consultatifs, d’autres disparaissent, l’avancement local…). Le chantage aux crédits de financement mis en place par le gouvernement conduit à la concurrence entre universités et donc à la baisse de leur liberté pédagogique et de recherche. Enfin la politique de contractualisation des budgets devient un outils de pilotage autoritaire pour les universités.

Pour ce qui est des établissements de recherche, les plans d’action RGPP des EPST, dont la mise en place au CNRS est emblématique, accélèrent l’externalisation de nombreuses fonctions et mettent en place des outils de mutualisation, de délégations globales de gestion et de plates-formes de services partagés entre les organismes et les universités au détriment de l’emploi. Cela concerne tous les personnels des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et plus particulièrement ceux des UMR. La pénurie budgétaire et la précarité des emplois ne fournissent pas les conditions d’une recherche pérenne.

Les objectifs à long terme visés par ces réformes sont doubles. Il s’agit de casser le service public de recherche et d’enseignement supérieur mais aussi d’en faire un prestataire de service pour le secteur privé.

Le gouvernement en place affirme, à tort, que la recherche se doit être rentable et rapporter des bénéfices. L’autonomie des universités est à ce prix la ! Mais c’est surtout l’autonomie de la dette qu’on va bientôt voir. L’état va se retirer progressivement du financement du budget de l’ESR car les universités et les établissements publics sont poussés à trouver ailleurs d’autres sources de financement. D’ailleurs le dernier budget de l’ESR est en baisse de manière inédite pour 2012. La logique va même plus loin, car le système mis en place fait de la recherche, un prestataire de service pour le secteur privé. Du coup, des entreprises s’engouffrent dans cette brèche et ferment leur centre de R&D et utilise à fond le CIR.

Nous sommes clairement depuis 4 ans dans une logique de marché, de l’économie de la connaissance… Tout se monnaye. Pour Sarkozy et son gouvernement la qualité de la recherche se juge, se valorise à l’aulne de son potentiel futur à rapporter de l’argent.

Ainsi le discours de L. Wauquiez à l’université d’été du MEDEF à Nice le 2 septembre 2011, a eu le grand mérite d’être clair et officialisa le lien qui doit unir Université et Entreprise. La recherche se devant d’être au service du secteur privé et le Crédit Impôt Recherche n’étant qu’une des solutions pour vassaliser la recherche au secteur privé.

Pratiquement, cela se traduit aussi par des plans de licenciement dans le secteur privé qui ne se gène donc plus pour fermer ses laboratoires de recherche ; par exemple SANOFI avec plus de 3000 licenciements. Il y a donc un transfert des investissements de recherche par la contractualisation de la recherche entre le secteur privé et les organismes de recherche publics.
De plus, l’innovation, comme maître mot à la mode, est rabachée sans cesse pour justifier la politique gouvernementale en matière de recherche. Comme si la recherche ne pouvait se faire sans innovation. La recherche est instrumentalisée comme une arme économique dans un système économique qui est désormais mondialisé.

C’est ce nœud gordien qu’il faut absolument trancher. La seule solution est donc de changer radicalement de système. La seule solution des moyens supplémentaires n’est pas la bonne. C’est tout le système qu’il faut repenser.
Les réformes successives contre l’ensemble de la communauté de la recherche, l’autonomie des universités, la baisse du budget de l’ESR, l’obligation faites aux établissements à trouver leur financements propres, les mesures indignes prises récemment à l’encontre des étudiants étrangers, le triste épisode de la princesse de Clèves, celle de « l’homme africain » à l’université de cheik anta diop de Dakar….Tout cela a déstabilisé fortement l’ensemble de la communauté de la recherche et de l’enseignement supérieur en France mais aussi dans les pays avec lesquels nous entretenons des liens fort de coopération depuis de nombreuses années. La nouvelle politique gouvernementale migratoire a été très mal perçue, surtout chez nos collègues chercheurs africains. La liberté de circulation, des hommes, des femmes et des idées, est une condition préliminaire à la liberté de recherche.

Nous voulons créer les conditions d’une recherche et d’enseignement supérieur qui se développent indépendamment des pressions émanant des forces politiques, économiques et religieuses, et au service des besoins sociaux du XXIeme siècle. Il faut que la recherche puisse explorer avec curiosité, en sortant des sentiers battus et sans limitation, le champ de la connaissance. Que les formations (initiale, continue, Formation Tout au Long de la Vie…) puissent développer, en lien avec la recherche, l’esprit critique et les connaissances de base pour la vie citoyenne et professionnelle au profit de toutes les catégories sociales et générationnelles. La recherche est un réservoir d’alternative sociale considérable !

Remettre l’humain au centre de la recherche et non pas l’argent. Remettre en place les conditions d’un travail pérenne de recherche favorisant la coopération nationale, européenne et mondiale et cesser d’installer la concurrence comme seul dogme permettant l’innovation. Voilà les ambitions du programme pour l’ESR du FdG.

L’érosion de l’emploi statutaire et le recours systématique aux recrutements contractuels accroissent de manière alarmante la précarité dans les laboratoires et les services et mettent en danger la pérennisation des connaissances et des savoir-faire. Dans l’enseignement supérieur et la recherche, le gouvernement, au travers d’amendements à la loi dite « de résorption de la précarité », prépare des contrats de projets allant jusqu’à neuf ans et exclut les contrats d’ATER signés avant l’obtention du doctorat. Il veut aussi priver les chercheurs, enseignants-chercheurs, enseignants et ingénieurs de recherche précaires de l’accès à des concours réservés.
Cette loi n’est pas vraiment un plan de résorption de la précarité mais plutôt un plan de conversion de l’emploi public en emploi contractuel avec toutes ses dérives que le Front de Gauche dénonce : disparition du statut, individualisation du traitement, dérive des pratiques locales, attribution des primes aux personnels et recrutement à la discrétion du président d’université.

Comme la fonction publique n’est régit par aucune convention collective, la rédaction du CDD ou du CDI par l’employeur commence par une feuille vierge. Aucune protection sociale préalable n’est exigée par la loi en faveur du salarié comme pour l’employeur. Seul le rapport de force, le contrat donc, entre les 2 parties est la règle. C’est un changement fondamental qui met à bas le statut de fonctionnaire. Le statut est le garant de la liberté fondamentale du chercheur et de la liberté pédagogique de l’enseignant.

Seules des créations d’emplois de titulaires permettraient de sortir de cette situation catastrophique de l’emploi scientifique. Il faut enclencher un réel plan de titularisation de tous les précaires, accompagné des créations d’emplois et des cadres d’emplois nécessaires. Il faut assurer le maintien dans l’emploi des actuels précaires effectuant des missions pérennes et il faut effectuer des pré-recrutements de doctorants sur un statut de fonctionnaire, pour permettre notamment de se prémunir contre le risque de pénurie de scientifiques dans les prochaines décennies. Mais cela permettra surtout au doctorant d’être sur d’avoir un poste dans la recherche publique.
C’est dans le contexte d’atomisation du paysage de l’ESR français, qu’il faut analyser les chiffres du nombres de docteurs formés en France et de leur conditions de travail et d’emploi. Il s’agit de mettre en perspective la politique gouvernementale et la réalité du terrain avec la façon dont se fait la recherche.

Le nombre de docteurs formés placent la France en queue des pays développés. Elle ne forme que 10 000 docteurs par an, le Royaume-Uni en forme 15 000 et l’Allemagne 25 000. Si leur nombre stagne depuis dix ans, le taux d’étrangers est passé de 25 % à 35 % en dix ans et celui des femmes a fortement monté (45 % aujourd’hui contre 20 % en 1992, mais elles ne sont que 24 % en sciences « dures »). A contrario, ces chiffres ont deux conséquences négatives. D’une part, nous ne formons que 6 500 docteurs français. D’autre part, le nombre de « docteurs français mâles » a baissé en nombre absolu, signe fort de la baisse d’attractivité du doctorat. Il faut rééquilibrer l’investissement par étudiant dans les différentes filières avec pour commencer un objectif de 12 000€/étudiants pour le cycle licence. Et cela passe aussi par la mise en place de pratiques pédagogiques innovantes permettant la démocratisation de l’accès de 50% d’une classe d’age au grade de licence. Le cycle licence dans son ensemble est à refonder, y incluant les CPGE, IUT et les STS. La recherche en tant que telle mais aussi en tant qu’outil pédagogique doit irriguer tout les cycles de formation post-bac.

Le doctorant est à la fois un usager de l’enseignement supérieur, mais aussi un collègue qualifié de jeune chercheur. Il est en formation professionnelle et continue. Il a des activités de recherche et/ou d’enseignement ce qui doit être considéré par tous comme une activité et donc rémunéré et seul le statut de fonctionnaire en pré-recrutement est capable d’offrir une protection et les conditions d’un travail stable et favorable à la réussite du plus grand nombre, quelque soit le domaine du projet de recherches doctoral. Ainsi, nous créeront les conditions d’une formation de professionnels hautement qualifiés capables d’agir et de décider au sein d’environnements complexes impliquant de nombreux paramètres, intérêts et personnes.

Pour une insertion professionnelle légitime, le grade de doctorat doit être reconnu dans le conventions collectives mais aussi dans les 3 fonctions publiques et les années de doctorat doivent être prise en compte pour le calcul de la pension de retraite.

Les conditions d’une mobilité géographique et thématique doivent être favorisées, pour tout les chercheurs et enseignant-chercheurs mais encore plus pour les jeunes chercheurs. Il faut mettre en place la possibilité d’un étalement du service d’enseignement et des taches administratives sur les premières années de recherche. La logique de recherche sur projet conduit à produire des taches administratives chronophages pénalisant la base du métier : la recherche.

Cette démarche doit être pensée de manière positive, encourageante, pour amener chaque doctorant à s’épanouir professionnellement dans la durée et en cohérence avec le projet collectif de l’établissement où il travaille.
Ces mesures s’inscrivent dans une perspective faisant passer l’investissement nécessaire à l’enseignement supérieur et à la recherche à au moins 5 % du PIB. Le service public de formation supérieure doit atteindre rapidement 2 % du PIB. La dépense de recherche et de développement public doit représenter au moins 1 % du PIB, les effets d’aubaine en particulier ceux du Crédit Impôt recherche doivent être supprimés.
La recherche jouera un rôle fort dans la prise de conscience héritée des travaux de l’écologie politique. Et c’est au travers de cette transformation de société, basée sur la planification écologique, que la recherche dans son ensemble permettra de satisfaire les besoins sociétaux du XXIeme siècle. Les jeunes chercheurs, représentants les forces vives et dynamiques de la recherche, ont un rôle clef à jouer pour relever les défis imposés à la société future. La politique proposée par FdG leur en donnera les moyens.

Propositions du Parti de Gauche :

Le Parti de Gauche défend la recherche pour les rôles qui sont les siens:

Pour atteindre ce but, le PG prône l’indépendance la plus aboutie possible pour la recherche et refuse notamment tout détournement et ingérence, au profit de l’intérêt privé ou d’une idéologie religieuse ou politique. La communication entre la recherche et le pouvoir politique est indispensable au bon fonctionnement de la société et doit se faire dans le respect du rôle de chacun :
– la recherche reconnaît le rôle du politique qui est de gérer et organiser le cadre de la société. Dans ce cadre, la recherche est, au même titre que tout service public, un élément dont la société doit garantir l’indépendance sur le plan financier, matériel, humain et intellectuel.
– le politique, en tant que créditeur de la recherche, attribue les financements et débat sur les programmes nationaux à développer, mais laisse les personnels scientifiques œuvrer librement avec les crédits qui sont les leurs.
Le politique reconnaît à la recherche sa mission de production et de diffusion large et gratuite du savoir à la population. Mais il ne doit pas oublier la sienne qui est de donner à la société les moyens d’une recherche libre et ambitieuse, d’informer et de garantir la souveraineté du peuple sur le choix de l’industrialisation ou non d’un résultat de recherche.

Contractuels du supérieur : la fin du statut de fonctionnaire?

Une fois de plus, le ministère de l’Enseignement Supérieur et la Recherche ne perd pas une occasion pour pousser plus loin sa logique de la précarisation et la casse du statut de fonctionnaire.

Issu d’un texte très peu modifié par rapport aux propositions du gouvernement, qui faisaient suite au protocole d’accord signé le 31 mars 2011 par plusieurs organisations syndicales, le projet de loi relatif à l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels de la fonction publique a été débattu au sénat en 1ère lecture le 25 janvier, pour être ensuite envoyé à l’assemblée. Mais le ministère de l’ESR a court-circuité le dialogue social, le parlement et la procédure législative en lançant une circulaire sur la mise en œuvre de ce projet dès le 12 janvier dernier.

L’effet annoncé, à grand renfort de com’, du dispositif était la transformation en CDI de 12,5 % des 891 000 CDD officiellement reconnus dans la fonction publique. Mais tout compte fait seulement 5,6 % seraient titularisés ! De plus la circulaire préconise aux établissements, par souci d’économie, d’envisager les titularisations dans l’optique de postes qui auraient été pourvu dans le cadre des campagnes annuelles. Aucun poste ne sera donc crée pour les 50 000 précaires du supérieur. Cynisme poussé à son comble, des organismes et des établissements d’enseignement supérieur procèdent depuis l’accord du 31 mars 2011 à des dégraissages inacceptables d’ayant droits potentiels en ne renouvelant pas de nombreux contrats.

Avec ce projet de loi ANT, ce serait plus de 100 000 CDI qui vont apparaître dans la fonction publique. Cette loi n’est pas vraiment un plan de résorption de la précarité mais plutôt un plan de conversion de l’emploi public en emploi contractuel avec toutes ses dérives que la Parti de Gauche dénonce : disparition du statut, individualisation du traitement, dérive des pratiques locales, attribution des primes aux personnels et recrutement à la discrétion du président d’université.

Contrairement au secteur « privé » où la situation du salarié dépend d’un contrat, les agents des administrations de l’État, des collectivités territoriales et du secteur sanitaire et social public ne sont pas régis par le Code du travail et des conventions collectives. Le fonctionnaire est dit dans une situation statutaire, c’est à dire que ses conditions de recrutement, de travail et de rémunération sont définies dans le cadre d’un « statut général ».

Comme la fonction publique n’est régit par aucune convention collective, la rédaction du CDI par l’employeur commence par une feuille vierge. Aucune protection sociale préalable n’est exigée par la loi en faveur du salarié comme pour l’employeur. Seul le rapport de force, le contrat donc, entre les 2 parties est la règle.

C’est un changement fondamental qui met à bas le statut de fonctionnaire. Lié à la RGPP, le recrutement d’agents contractuels, casse le contrat social liant la société à ses fonctionnaires. Ces deniers, devenu des contractuels, ne seront plus protégés par leur statut et seront donc soumis aux pressions. Cela va à l’encontre des valeurs prônées par le PG pour qui le statut est le garant de la liberté fondamentale du chercheur et de la liberté pédagogique de l’enseignant. C’est l’ensemble des professions représentées dans la communauté universitaire qui est concernée par la précarisation – enseignants-chercheurs, enseignants, chercheurs, biatoss et personnels actuellement non titulaires. C ‘est ensemble qu’ils pourront imposer une autre politique.

Le PG exige la modification, par un dialogue social respectueux de tous les intervenants, de la loi votée mardi 14 février à l’assemblée nationale à fin de permettre la titularisation de tous les précaires du supérieur. Le PG exige la protection dans l’emploi sur des fonctions pérennes des contractuels pour lesquels il n’existe ni concours, ni poste.

La commission Enseignement Supérieur et Recherche

Hollande : Un programme stupéfiant !

La Commission ESR du Parti de Gauche sort stupéfaite de la lecture du Programme de F. Hollande.

En retrait, en tout point, avec le Programme du PS, le moins qu’on puisse dire de l’engagement 39, concernant l’Enseignement Supérieur et la Recherche, c’est que pour le « Professeur » Hollande, l’élève Sarkozy a réussi son mandat.

 

Tout d’abord, c’est probablement la première fois, qu’un candidat de gauche à l’élection présidentielle, ne fait aucune allusion à la démocratisation de l’accès aux études supérieures. Pourtant, des études récentes ont montré un véritable recul. Même l’objectif contenu dans la Loi sur l’Ecole, fixant à 50% d’une classe d’age diplomée du supérieur, n’est pas cité. F. Hollande l’abadonne-t-il ou alors, comme pour le barême supérieur d’imposition, est-il en-deçà de la droite ?

On apprend ensuite que la LRU ne sera pas abrogée. Voilà un engagement qui donne un bon-point à Sarkozy et qui valide sa stratégie de mise en concurrence des Universités. Certes, « la gouvernance sera plus collective et démocratique » est-il dit, sans plus de précision, mais c’est là un bien piètre aménagement qui laissera quasi-intacte la gouvernance managériale, qui sied si bien à l’autonomie et à la concurrence  entre les établissements.

Promettant plus loin « d’accélérer la mise en oeuvre des Investissements d’Avenir », F. Hollande apporte encore plus d’eau au moulin de Sarkozy et une preuve supplémentaire que son combat contre la finance a fait pschittt. Car rappelons que les fonds en question proviennent d’intérêts de placements financiers.

Rien en revanche, sur le budget de l’ESR, alors qu’un grand nombre d’Universités sont en déficit, victimes du passe-passe budgétaire de Sarkozy. Aucune trace de la proposition du PS de porter l’effort à 3% du PIB, ou de la mise en oeuvre d’un plan pluri-annuel d’emplois. Out ! les crédits récurents pour la Recherche.

Il y a bien ici ou là un peu de picotin à glaner, concernant l’allocation d’étude, l’encadrement des stages ou l’abrogation de « la circulaire Guéant », mais c’est bien le moins qu’on puisse attendre ! C’est aussi et surtout, une occasion saisie pour rester silencieux sur les frais d’inscription que Terra Nova propose d’augmenter.

 

En consacrant dans son programme pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche, la rigueur, la LRU et les Investissements d’Avenir, F. Hollande sacrifie « le changement, maintenant » dans les labos et les amphis et valide le choix de la « politique d’excellence » qui porte en germe les coups les plus sévères contre l’unité du système français d’enseignement supérieur et de recherche.

 

La commission Enseignement Supérieure et Récherche

Sarkozy, contrat d’apprentissage rompu !

 

L’UMP à défaut de candidat est en campagne. Des colonnes  du Figaro aux ondes de France-Inter, on voit Natacha Polony ou Morgan Marietti de l’Association Nationale des Apprentis s’escrimer à convaincre que Nicolas Sarkozy  s’intéresse aux travailleurs et à l’éducation des enfants alors même que son bilan prouve le contraire. Leur cible pour cela : Jean-Luc Mélenchon, le porte-voix de la classe ouvrière, celui qui refuse l’hégémonie de l’apprentissage au détriment de toutes les autres voies d’accès à la qualification

Selon eux, Jean-Luc Mélenchon et le programme du Front de Gauche mépriseraient la voie de l’enseignement professionnel. Diantre ! En prenant la petite lorgnette de l’apprentissage, voie parmi d’autres, ils omettent volontairement le désastre causé par la politique du gouvernement dans les voies d’excellence des jeunes ouvriers. Car ce sont 71 lycées professionnels qui ont été fermés sous le règne Sarkozy. Ce sont des dizaines de filières qui ont disparu de territoires entiers, poussant les familles dans les bras des marchands et des établissements privés. C’est la voie technologique qui a été sacrifiée sous couvert de restructuration. Ce sont des savoirs faire qui disparaissent totalement de l’enseignement public. N’en déplaise à Mme Polony,  c’est la politique de Nicolas Sarkozy qui entraîne la « déperdition des savoirs professionnels » dont nous sommes accusés.

Les rôles ne sauraient être renversés. Mme Polony trouve « choquant qu’un enfant d’ouvriers ait presque deux fois moins de chances qu’un enfant de cadres d’obtenir son baccalauréat ». Faut-il lui rappeler que c’est la réforme du bac professionnel, le passant de 4 ans à 3 ans, qui a causé l’augmentation du taux d’échec ? Non Mme Polony, 4 ans est le temps qu’il faut pour assimiler le haut niveau de savoir qui est enseigné dans nos établissements justement parce que nous revendiquons un haut niveau de qualification pour la classe ouvrière de notre pays. L’exigence de 80% d’une classe d’âge au bac ne doit pas s’arrêter aux portes du bac général !

Le projet que nous portons d’un pilotage unique des enseignements professionnels entraîne la fluidité nécessaire qui permettra à un jeune de pousser le plus loin possible son niveau de qualification : à chaque obtention de diplôme on lui propose la qualification supérieure et on lui offre la possibilité d’y accéder. N’en déplaise aux tenants du libéralisme, pour nous, le diplôme délivré par l’Etat reste l’unique qualification permettant au travailleur de passer d’un poste à un autre. Il est le moyen, par la reconnaissance dans les conventions collectives, de fixer les grilles de salaire. Nous ne sommes pas l’Allemagne, la République française n’est pas la « République contractuelle » : la loi sociale est la même pour tous et l’ouvrier n’est pas celui d’une entreprise mais celui de la Nation.

Pour le Front de Gauche, le diplôme et le haut niveau de qualification sont ce dont le pays a besoin pour maintenir son niveau de performance économique et répondre aux nouveaux défis du futur et aux objectifs de la planification écologique. Voilà une ambition autrement plus élevée que celle de copier l’Allemagne pour faire bon genre. Souvenons-nous que lors des changements technologiques de l’appareil de production, ce sont les travailleurs français qui se sont adaptés plus facilement et rapidement grâce à leur niveau de qualification et de culture et suscitaient l’admiration outre-Rhin.

Alors bien sûr nous ne sommes pas dupes. Ce n’est pas le bien-être des jeunes et les droits des salariés qui sont au cœur de ce débat. Les libéraux cherchent  par contre à envoyer le plus de jeunes possible en apprentissage car ils visent à une déscolarisation d’une partie de la jeunesse, une marchandisation et un transfert vers les Régions des « coûts ». Il n’a pas échappé au Président de la République et à ses porte-plumes que l’apprentissage sort les jeunes du statut scolaire. Ils n’entrent dès lors plus la première année dans les chiffres du chômage, alors même que 25% des contrats sont rompus les premiers mois. De quoi ravir les agences de notation !

Surtout, ce sont bien Sarkozy et ses sbires qui méprisent la voie de l’apprentissage ! Ce sont eux qui souhaitent lui faire porter la totalité de la voie professionnelle. Ils nient ainsi sa spécificité et son apport. Ils occultent  le fait que ce n’est pas une méthode de masse généralisable à tous les jeunes et à toutes les professions. Nombre de métiers sont incompatibles avec l’apprentissage « sur le tas », à moins de demander à chaque patron d’ouvrir une école dans chaque entreprise, d’y mettre un maître et de laisser les jeunes s’exercer sur les machines… Mais pour cela, les patrons eux-mêmes nous sont gréés de nous en occuper dans l’Education Nationale !

L’argument de mauvaise foi le plus incongru revient une fois encore à Mme Polony : « Jean-Luc Mélenchon insulte les classes populaires ».  Or que propose le Front de Gauche pour les classes populaires, c’est-à-dire les travailleurs de notre pays ? Des diplômes qualifiants reconnus dans les conventions collectives (et non des certifications) et donc la possibilité d’avoir des contrats de travail. Des salaires augmentés (avec la revendication de l’augmentation du SMIC à 1.700 euros qui entraînent toutes les grilles de salaire vers le haut). La retraite à 60 ans pour tous. Des droits pour les salariés dans les entreprises. La décriminalisation de l’action syndicale…

Tous les efforts des bien-pensants pour faire croire que Sarkozy serait aux côtés des salariés seront vains. Les travailleurs, eux, ne se tromperont pas. Leur haut niveau de qualification et de culture commune leur donne la possibilité de lire des programmes et de choisir lors de ces élections ! Place au peuple.

 

François COCQ

Secrétaire national à l’éducation du Parti de Gauche

Magali ESCOT

Membre du bureau national du Parti de Gauche