Le bizutage est hors la loi

La définition donnée du bizutage, provenant de l’article 14 de la loi du 17 juin 1998, est : « Le fait pour une personne, d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations, ou de réunions liées aux milieux scolaires et socio-éducatif. ». Ainsi, contrairement à l’idée répandue, cette interdiction s’applique également « en cas de consentement de la personne ».

Le 4 octobre pendant une « journée d’intégration » d’étudiants de 1ère année de licence STAPS de L’Université de Poitiers, des débordements se seraient produits, faisant basculer cette journée d’intégration en un bizutage en règle. Une vidéo, sans aucune équivoque, fut mise en ligne sur internet avant d’être rapidement retirée. Suite à ces faits, le procureur de la République a été saisi par l’université « pour qu’il diligente une enquête et décide de l’opportunité d’éventuelles poursuites ».

Le programme de la journée avait été validé par la direction de Faculté des Sciences du Sport. L’autorisation précise que « la participation de tous n’est axée que sur la base du volontariat […] aucun étudiant de L1 ne sera forcé de participer aux activités s’il ne s’agit pas de sa volonté. Aussi, ces activités doivent rester dans le cadre d’une journée conviviale et ne doivent en aucune façon basculer dans le « bizutage » ».

Mais comment parler de « volontariat » alors que les préconisations sociales établies à l’université et les pressions de la collectivité vont stigmatiser les étudiants choisissant de ne pas « s’intégrer » au groupe? C’est un cas typique de « servitude volontaire » que ce soit à l’université, comme chez les pompiers ou encore plus particulièrement dans les formations d’apprentissage. De plus l’internat ou la vie en caserne, renforce le pouvoir du l’humilieur sur l’humilié car ce dernier est fragilisé par l’éloignement de son cadre familial et social.

Ceux qui acceptent, contre leur volonté, mais suite à la pression du groupe, de subir le bizutage, ne témoigneront pas pour dénoncer les faits d’humiliation qu’ils ont subit car le bizutage est intrinsèquement pervers : le bizuté a honte de sa honte et par pudeur ne parlera pas : le culte du secret est alors en place et dès lors peut se répéter d’année en année par « tradition ».

Le caractère « humiliants ou dégradants » des actes commis est difficile à prouver sans dépôt de plainte. C’est donc aux autorités administratives de jouer pleinement leur rôle de protecteur des enfants, étudiants et autres apprentis qui leurs sont confiés. Elles doivent veiller à rapporter tout les cas de bizutage à la justice pour lancer des procédures judiciaires mais aussi de diligenter des enquêtes administratives.

Le bizutage, en faisant appel aux pulsions primaires des individus pour les abuser, les soumettre à un groupe social dominant, ne fait que renforcer la reproduction de la hiérarchie dominant-dominé.

Le Parti de Gauche, dénonce le bizutage et soutient toutes les actions permettant sa disparition sous quelques formes que ce soit. Pour le Parti de Gauche, tout ce qui concourt à dégrader l’humain n’a pas droit de cité, conformément à sa maxime : « L’humain d’abord » !

 

Chantelot Pierre

Commission Enseignement Supérieur et Recherche

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