Crise du logement étudiant: le passe-passe de Laurent Wauquiez.

Dans un entretien au Monde, le 31 août, Laurent Wauquiez, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, agite son passeport logement étudiant pour mieux masquer une absence de réponse pérenne à la crise du logement étudiant.

Le ministre esquive ainsi les faits : il manque au bas mot plusieurs dizaines de milliers de logements étudiants dans notre pays ! Enfermé dans sa volonté dogmatique d’encourager le logement privé, il oublie d’envisager la nécessité d’assurer à tous les étudiant-e-s  un logement pour étudier dans de bonnes conditions (proximité de son université et de transports en commun, surface suffisante pour un étudiant ou en couple, accès aux handicapés, garantie financière, etc).

Le nouveau passeport sera mis en place par les CROUS sans aucun moyen supplémentaire. Qui va certifier les « label CROUS »? Sous quels critères objectifs ? Des « banques partenaires » participeront; belle entrée qui leur est offerte pour « accrocher » un futur client pour financer ses études… Une fois de plus, L. Wauquiez entend présenter l’addition aux familles. Les étudiants paieront 5€ par mois alors que rien ne sera demandé aux bailleurs privés! Profitant déjà du désengagement de l’état dans la construction des résidences universitaires, les bailleurs auront donc encore plus le champs libre pour augmenter les loyers à leur convenance. Seule une politique de construction de résidences universitaires permettrait de faire baisser les loyers et de mettre fin à une politique bénéficiant aux rentiers.

Au final, beaucoup d’annonces et toujours la même solution : reporter sur les familles la charge financière des études. L’OCDE martèle depuis des années cette politique : l’étudiant et sa famille doivent devenir les premiers financeurs des études…OCDE et libéraux le demandaient, Laurent Wauquiez, fidèle larbin libéral l’a fait!

Dans ce contexte, la politique de concentration et de fusion des universités en PRES, voulue par le gouvernement, aura pour conséquence la suppression de nombreuses formations sur le territoire au profit d’un nombre limité de sites. Dans une lutte acharnée que se livreront les universités pour attirer les meilleurs étudiants, la construction de logements étudiants aux travers de Partenariats Publics Privés sera un outil supplémentaire de la dévolution lucrative au secteur privé.

En situation de crise du logement universitaire, seuls les étudiants issus des familles les plus aisées pourront se loger à proximité de leur lieu d’études. L’immense majorité, perdra encore des heures dans les transports en commun lorsqu’ils existent, pour aller étudier, mettant en danger ainsi leur réussite aux examens et leur santé.

Pour le parti de Gauche, la politique du logement étudiant va de paire avec celle de la santé de l’étudiant. Elle doit s’inscrire dans une politique nationale en partenariat avec les Régions, les CROUS et les universités pour atteindre les objectifs du plan Anciaux pour la période 2004-2014, soit 5.000 constructions et 7.000 réhabilitations de chambres universitaires par an pendant dix ans et pour créer des maisons de la santé sur les campus.

Pour le Parti de Gauche, l’accès garanti à un logement adapté à ses besoins tout au long de ses études ainsi que l’accès aux soins médicaux sont les gages de la réussite de l’étudiant.

Chantelot Pierre

PRES d’Angers: cheval de Troie de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO)

La loi LRU, mise en place, contre la communauté universitaire, en août 2007, a 2 objectifs clairs : casser le service public en le déléguant à des sociétés prestataires de service et créer les conditions de la « laïcisation positive » chère à Sarkozy qui désire faire sauter le verrou de la laïcité républicaine par la reconfessionalisation de la société en commençant par notre système éducatif.
La mise en œuvre de cette politique est déjà visible à l’université d’Angers.
Après la 1ère phase de création des PRES (Pole de Recherche et d’Enseignement Supérieur), la phase 2, leur développement de champ de compétence, est lancée. À cet effet, Valérie Pécresse demande au chef du service de l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche), de mesurer l’intérêt pour les PRES d’être en capacité de délivrer des diplômes.
Ainsi, l’institut confessionnel d’Angers, qui se fait appeler « Université Catholique de l’Ouest (UCO) », membre associé du PRES Université Nantes Angers Le Mans, pourrait se voir déléguer la formation des maîtres de l’enseignement privé … et public ! Car l’UCO a ouvert un master « métiers de l’enseignement et de l’éducation » à la rentrée 2009 dont l’un des objectifs est « connaître et s’approprier le projet de l’Enseignement Catholique ». Ce master qui a été créé en dehors de tout processus d’habilitation des formations publiques, exige plus de 3000€/an aux étudiants pour leur frais de scolarité. De plus les étudiants devront passer par une procédure spécifique de « jury rectoral » pour obtenir leur diplôme. Cet institut confessionnel privé, au travers du PRES qui est une structure publique, pourra donc délivrer un diplôme d’état.
En parallèle, le gouvernement multiplie cette année par 2.3 le nombre de postes au CAFEP-CAPES (concours externe du privé) alors que le nombre de postes au CAPES externe est en légère diminution et toujours largement inférieur au nombre de départs en retraite.
Au delà de faveurs accordées à l’enseignement supérieur privé, le gouvernement démontre ainsi sa volonté de démanteler le service public, de porter d’atteinte au principe même de laïcité et son déni de la démocratisation des métiers de l’enseignement.
Ce sont des attaque sans précédent contre les principes même d’une république laïque et contre le service public ! Nous ne pouvons l’accepter.

Retards dans le versement des bourses aux étudiants : le gouvernement s’éloigne encore du triple A social

Au soir du 22 novembre, de très nombreux étudiants n’ont pas encore reçu le versement de leurs bourses par les CROUS (Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Sociales) pour le mois de novembre et les inquiétudes planent déjà sur le versement de celles de décembre prévu « peu avant Noël »…

Ces retards de versements mettent des étudiants, déjà en difficultés financières, dans des situations sociales catastrophiques en les faisant passer de la précarité à l’extrême pauvreté. La raison de ces problèmes de versement est simple : le gouvernement, qui a promis depuis des années un 10ème mois de bourses en septembre (une mesure d’urgence sociale nécessaire) a oublié de financer cette belle promesse. Mieux ! Son dogme de l’austérité, qui veut que les pauvres paient pour les financiers, le conduit aujourd’hui à diminuer le budget de 21 des 28 CROUS. Ces problèmes graves révèlent donc la volonté plus large du gouvernement de casser les services publics des œuvres universitaires, services nécessaires et uniques en Europe ! La priorité est ailleurs : rassurer les marchés financiers, sauver les banques, au prix du quotidien de ceux qui sont l’avenir de notre pays.

Le Parti de Gauche soutient les étudiants en lutte pour leurs droits et leur dignité, il soutient le droit aux études pour tous et pas seulement pour ceux dont les parents peuvent les payer. Cette mobilisation s’inscrit dans la lutte sociale globale contre l’austérité et la dictature des marchés, et pour remettre au centre une alternative sociale au modèle actuel qui conduit notre pays sur la même voie que les Grecs ou les Espagnols.

Au-delà des mesures d’extrême urgence (garantie de financement du 10e mois de bourses), et à l’heure où les régions appellent à une régionalisation du logement étudiant qui vont accroître les inégalités sociales et territoriales et affaiblir encore davantage les CROUS, le Parti de Gauche appelle à un service public des CROUS renforcé (aides sociales, logement, restauration, culture… ), géré par les étudiants et personnels, et à la mise en place d’un statut social pour les étudiants et jeunes travailleurs avec, notamment, un système d’allocations pour tous, seule mesure permettant d’abolir la précarité et de garantir la réussite de tous à l’université et dans les premiers années d’emploi.

La commission ESR

François HOLLANDE a dévoilé son équipe en charge du volet éducation

Il s’agit d’Alain CLAEYS, maire de Poitiers pour l’enseignement supérieur et le député Jean-Yves LE DÉAUT pour la recherche.

Alors même si Alain CLAYES s’est fait le chantre de la performance à tout crin dans l’université, F. Hollande s’est entouré de « plus fort » encore…

Car dans son équipe, figure aussi Lionel COLLET, ancien président de la CPU de 2008 à fin 2010, qui a pensé toute la loi LRU. On se souvient que ses propositions à l’époque allaient même au-delà de la loi Pécresse actuellement en vigueur.

Rappelons en outre que Lionel COLLET estime que le noyau dur de cette loi, fondée sur la déconcentration de la gestion des universités, doit être préservé. Et même s’il est ouvert à des évolutions du modèle de gouvernance des établissements, il propose néanmoins  que chaque président d’université ne soit en charge que de l’administration de celle-ci…donc un super gestionnaire administratif avec des objectifs de performance. Il fera donc « bonne équipe » avec A. CLAEYS.

Enfin, pour finir le tableau, L. Collet aimerait bien pouvoir rapidement augmenter les frais d’inscription :« on nous donne l’autonomie des dépenses mais pas celle des recettes, notamment sur les frais d’inscription ». Avec de telles lames, le programme que le candidat Hollande concocte, sera bien plus proche des propositions du Club Terra Nova qui refusait l’abrogation de la LRU et qui conseillait une augmentation très sensible des frais d’inscription afin de participer au financement des universités que de ce qu’attendent les étudiants et la jeunesse.

A ce propos, le texte de l’accord entre le PS et EELV en proposant seulement «des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche… organisées afin de réexaminer la loi LRU et de trouver les voies pour mieux garantir l’indépendance de la recherche », est en très net recul et s’apprête à renoncer à une rupture avec les réformes de Sarkozy à l’Université…

L’équipe du candidat socialiste n’est pas un bon signal envoyé à la communauté universitaire qui s’était mobilisée sans précédent dès 2007 contre le projet de loi LRU et d’une rupture brutale et franche avec l’ensemble des valeurs portées par la Gauche. Le fait que B. Monthubert qui a soutenu A. Montebourg en soit écarté est symptomatique!

Le projet socialiste porte au travers des personnes qui l’incarne des éléments forts et clivants avec notre propre vision de ce que doit être l’enseignement supérieur et la recherche comme service public.

Le parti de Gauche garantira son soutien sans faille à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement de fonctionnaires et de financement gommant les inégalités entre établissements et permettant une réelle liberté de recherche et pédagogique.

Chantelot Pierre

Perdereau Patrice

Des universités sous tutelle: l’échec de l’autonomie

À la suite du président de l’Université de Bretagne-Sud, celui de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, officialise dans la presse une situation inédite provoquée par les réformes destructrices du gouvernement Sarkozy: il ne pourra pas boucler son budget 2011. Il manque deux millions d’euros pour terminer l’année et plus encore sans doute en 2012. Il y a quelques jours, c’était le Conseil d’Administration de l’Université de Nantes qui adoptait un budget primitif 2012 en déséquilibre, provoquant la réaction immédiate du Recteur de l’Académie, qui plaçait l’établissement sous sa tutelle financière. Chaque jour la liste ne fait que s’allonger. On est donc loin des promesses du candidat Sarkozy d’augmenter d’1,8 milliards d’euros par an soit 9 milliards sur la durée du mandat.

Voilà où nous ont mené la RGPP, la LRU, les RCE, la politique des « pôles d’excellence »et l’arrêté licence. Voilà où conduit l’autonomie : à la baisse des moyens et au déficit aujourd’hui puis demain à la dette, diront ils!

 

Pour faire face, les université exsangues n’ont que la triste possibilité d’ajuster leur masse salariale pour équilibrer leur budget ! Or cette masse salariale doit être revue continuellement à la hausse car la fameuse autonomie a donné lieu à une dérive du transfert de charges supportées par les universités sans que l’Etat ne les compense. Et ce n’est pas la rallonge promise par le Ministre Wauquiez au dernier moment, pour l’ensemble des 82 universités, de 14,5 millions d’euros pour financer le GVT (glissement – vieillesse – technicité) qui changera grand chose !

L’Etat a donc réussi son tour de passe-passe hypocrite en faisant faire le sale boulot par les universités qui sont obligées de sacrifier leur personnel par des suppressions d’emploi préventives en gelant des postes ou leur formations en les fermant purement et simplement.

Les laboratoires notés A et A+, étant aussi touchés, la course à « l’excellence » avec l’évaluation par l’AERES est bien un véritable marché de dupes dont personne aujourd’hui n’est plus à l’abri !

 

À l’heure de l’organisation par l’Etat de la pénurie de moyens pour l’ensemble des universités, le partage de la richesse, les valeurs de solidarité et de collégialité doivent revenir au premier plan ! Sinon, nous attendrons peu de temps pour nous entendre dire que l’augmentation des frais d’inscription et d’études est la seule solution possible.

 

Le Parti de Gauche exige les moyens nécessaires pour le Service public d’enseignement supérieur et de recherche. Ces moyens doivent être attribués de manière transparente. Le Parti de gauche s’oppose à la régression du budget 2012 pour l’ESR et fixe pour priorité d’atteindre en 5ans les 5% du PIB pour la recherche civile et des crédits des fonctionnement d’un montant moyen de 12000 euros par étudiant dans le cycle licence.

 

P. Chantelot

P. Perdereau

 

Fiche recherche scientifique

1-Principes

La recherche scientifique, en augmentant le niveau de savoir disponible pour tous, contribue à l’émancipation collective. Elle protège le citoyen des manipulations de ceux qui comptent sur l’ignorance pour imposer leurs lois ou vérités révélées (religieuses, sectaires ou capitalistes). Nous prônons l’indépendance de la recherche scientifique. Nous refusons que le productivisme en soit une finalité. Nous sommes intransigeants sur l’attention à porter aux effets du progrès technologique sur l’écosystème.

Le Parti de Gauche défend la recherche pour les rôles qui sont les siens:

Pour atteindre ce but, le PG prône l’indépendance la plus aboutie possible pour la recherche et refuse notamment tout détournement et ingérence, au profit de l’intérêt privé ou d’une idéologie religieuse ou politique. La communication entre la recherche et le pouvoir politique est indispensable au bon fonctionnement de la société et doit se faire dans le respect du rôle de chacun :

– la recherche reconnaît le rôle du politique qui est de gérer et organiser le cadre de la société. Dans ce cadre, la recherche est, au même titre que tout service public, un élément dont la société doit garantir l’indépendance sur le plan financier, matériel, humain et intellectuel. Nous reconnaissons la liberté de discuter et de transmettre tout résultats, y compris ceux qui contredisent l’état de la question ou entrent en conflit avec des intérêts économiques ou religieux. Seule la garantie de cette indépendance permettra à la recherche d’accomplir pleinement sa mission.

– le politique, en tant que créditeur de la recherche, attribue les financements et débat sur les programmes nationaux à développer, mais laisse les personnels scientifiques œuvrer librement avec les crédits qui sont les leurs. Le politique reconnaît à la recherche sa mission de production et de diffusion large et gratuite du savoir à la population. Mais il ne doit pas oublier la sienne qui est de donner à la société les moyens d’une recherche libre et ambitieuse, d’informer et de garantir la souveraineté du peuple sur le choix de l’industrialisation ou non d’un résultat de recherche. En d’autres termes, le passage d’un procédé technologique de la sphère de la recherche à la sphère de la société relève de l’aval des citoyens ou du parlement.

2-Constat

La loi dite de « liberté et responsabilités des universités » (LRU, 2007) dans le prolongement du « pacte pour la recherche » (2005) a confirmé le processus de déstructuration du service public d’enseignement supérieur et de recherche. La multiplication des structures administratives a aboli toute démocratie sociale. Les EPST (CNRS, INSERM, INRA…) n’ont plus la main sur leur politique scientifique. Les récentes initiatives en relation avec « le grand emprunt » (Equipex, Labex, Idex) marquent une nouvelle étape:

– le pouvoir est désormais concentré dans les mains du politique (Élysée et Matignon)

– les marges de manœuvres des universités sont soumises aux placements qu’y feront les acteurs économiques: le placement initial est fait par l’état qui se rembourse par la baisse des crédits récurrents.

Les quatre points cardinaux de la nouvelle gouvernance de la recherche sont en conflit avec sa mission historique:

Inégalité: entre territoires, étudiants, chercheurs et disciplines.

Avidité: les rémunérations additionnelles démentent la dimension collective et coopérative du travail de la communauté scientifique.

Bureaucratisme. les technostructures étouffent tout débat démocratique, l’évaluation  bibliométrique étouffe le débat scientifique

Subordination. la pression est forte pour mettre la recherche au seul service du capitalisme néo-libéral, que ce soit pour détourner moyens et compétences au profit du secteur marchand ou pour développer de nouveaux marchés ne répondant pas à un besoin de la société mais à ceux de l’oligarchie. Tout converge pour faciliter la privatisation des compétences et des moyens: ouverture des appels d’offres au privé, pôles de compétitivité, pression sur les unités de recherche, plateformes technologiques ouvertes aux industriels et financées en partie par les contrats de recherche obtenus à d’autres fins…Dans le même temps, Sanofi Aventis licencie 1500 chercheurs.

Le néo-libéralisme cherche à concentrer toutes les forces vives à son profit au détriment de l’intérêt général. Ainsi s’organise la fuite et la migration des cerveaux du sud vers le nord, puis vers les USA. Au niveau national, la concentration autour de quelques grands pôles est favorisée (pénurie de postes, pôles de compétitivité et autres IDEX…). Enfin, les secteurs financiers drainent les meilleurs étudiants sans qu’il ne soit opposée de vraie résistance par les pouvoirs publics: dévalorisation intellectuelle et financière des carrières scientifiques et technologiques, absence d’une vision positive et humaniste de la science dans le débat public, pauvreté de son enseignement initial. Il y a urgence à engager une réflexion, par exemple sous la forme d’Etats Généraux, sur les métiers de la recherche et les chemins y conduisant sous peine de voir disparaître notre potentiel scientifique et technologique.

L’atomisation du service public d’enseignement supérieur et de  recherche, la mise à l’écart d’équipes, de laboratoires ou d’établissements, l’augmentation de la précarité s’amplifient. La mise en concurrence est partout. Dans les établissements et les organismes, les conditions de travail des personnels s’aggravent. Le nombre de jeunes recrutés sur CDD pour une durée cumulée de 6 ans maximum et qui n’auront jamais le statut de titulaire est une bombe à retardement. La part des femmes recrutées est en baisse depuis 2002. La pénurie de chercheurs titulaires et de financements récurrents favorise la recherche à court terme et détourne du long terme pourtant indispensable. La qualité de la recherche en pâtit.

3-Propositions

La situation actuelle découle du traité de Maastricht (1992) et des 3 déclarations de Paris, de Bologne et de Lisbonne (1998-1999-2000). Il est nécessaire de sortir de ces initiatives européennes libérales. Nous abrogerons la loi LRU et le Pacte pour la Recherche et supprimerons le Crédit Impôt Recherche et les technostructures (Alliances, Instituts…) conçues pour détourner ressources et compétences vers le secteur privé. Nous nationaliserons ou supprimerons les « fondations LRU ».

 

Le statut de fonctionnaire d’état redeviendra la référence pour les métiers de la recherche, pour garantir son indépendance, prévenir les conflits d’intérêt, et améliorer l’efficacité des laboratoires et la pérennité des disciplines.

Nous proposerons d’autres mesures fortes pour la recherche visant à en rétablir l’indépendance et la qualité sur la base de laboratoires mixtes universités-EPST:

instances: revenir à une démocratie sociale exemplaire, rendre le pouvoir aux instances représentatives, leur confier pleinement la mission de l’évaluation qui sera scientifique et non bibliométrique et en proposer un règlement à ses membres, y imposer la participation dans la mission de tous les agents (par exemple désignés par tirage au sort aux cotés des autres collèges élus ou nommés)

– indépendance: refonder les partenariats sur la base de la collaboration et non de la subordination, replacer les laboratoires sous la responsabilité des instances de leurs tutelles respectives,  remplacer les PRES par des structures démocratiques et coopératives,

autorité et exemplarité: rendre aux organismes le contrôle sur leurs stratégie et personnels, rendre son rôle primordial au CNRS, fleuron historique de la recherche française, réévaluer la mission de l’INRA à la lumière de la crise agrosanitaire, impliquer l’INSERM pour prévenir les abus du capitalisme du médicament

– financement : augmenter le budget public civil (3% du PIB) et les dotations récurrentes, dont une part serait votée à l’assemblée nationale après débat (par exemple 40% de crédits fléchés, 60% en crédits récurrents), en faire une fonction positive de l’effectif des titulaires et négative de l’effectif des précaires, imposer la redistribution d’une quote-part des financements non récurrents et/ou non institutionnels d’une équipe vers la tutelle et le laboratoire hôte, remplacer le crédit impôt recherche par un crédit d’impôt flottant basé sur la valeur ajoutée

métiers : augmenter le nombre de postes ouverts, ne garder qu’un corps de chercheurs ou d’ITA avec possibilité d’avancement accéléré, rattraper le retard salarial accumulé, envisager une grille unique des traitements dans les EPST, les universités et les EPIC, prendre en compte les années de doctorat et post-doctorat pour la retraite, interdire les suppléments de rémunération prélevés sur les contrats, exiger des cadres dirigeants du privé l’obtention d’un doctorat (y compris en sciences humaines)

organisation : construire et proposer par des Etats Généraux les modalités pour une intégration aux EPST de certains EPIC dont la mission en bénéficierait (certains départements du CEA, INA, musée nationaux…), explorer lors de ces Etats Généraux le bien-fondé du regroupement de certains EPST par discipline

Nous rendrons la parole au citoyen ou à ses à représentants :

– organiser le contrôle scientifique et démocratique des fonds utilisés par la recherche industrielle par la création d’une Agence d’Évaluation de la Recherche des Entreprises Subventionnées (AERES) dont les membres seraient libres de toute relation avec la recherche industrielle.

– organiser un effort de formation vers le citoyen (conférences publiques en continu, enseignement primaire et secondaire, TV de la science (pour adultes et enfants). L’histoire des sciences et des techniques devrait faire partie de l’éducation de tous les futurs citoyens car les idées scientifiques ont une dynamique particulière qu’il convient de connaître pour entraîner la société en avant.

Toute nouvelle approche technologique devra dès le début faire l’objet d’études visant à évaluer son impact potentiel sur la société civile ou la santé des individus. Nous créerons le Haut Conseil de la Recherche (scientifique et technologique) constitué de chercheurs, d’universitaires, d’étudiants, de représentants syndicaux, d’ONG, d’élus locaux et nationaux. Le HCR aura un droit d’autosaisine. Il organisera de vrais débats contradictoires sur les grands programmes technologiques et les secteurs d’avenir qui devront être choisis en fonction des besoins de la société et non du marché. Il participera au débat permettant le contrôle de l’industrialisation des résultats de recherche par le peuple ou le parlement. Cette agence contribuera aussi à coordonner la recherche française avec la recherche mondiale sur des thèmes tel que le climat avec le GIEC ou les énergies renouvelables. Pour que ces recherches évoluent, il est primordial de les sortir du secteur privé et d’encourager la coopération.

4- Évolutions de la recherche pour faire face aux évolutions actuelles et proposer sa contribution à un changement de société

Laïcité technologique :

La recherche jouera son rôle dans la prise de conscience héritée des travaux de l’écologie politique, qui a pour objet l’ensemble des relations entretenues par l’individu avec autrui et avec son l’environnement naturel et artificiel. Dans ce but elle participera à l’instauration d’une « laïcité technologique ». Celle-ci conduira petit à petit les citoyens à décider eux-mêmes et démocratiquement s’ils autorisent ou non le transfert d’une technologie produite en laboratoire (« sphère de la recherche ») vers son industrialisation, sa commercialisation et sa dissémination (« sphère de la société »). Dans la mise en place concrète de cette laïcité technologique, les personnels scientifiques se mettent à la disposition de Conseils Scientifiques Citoyens (CSC) au sein desquels ils formeront des citoyens sous mandat. Ces CSC pourront ainsi légiférer sur les différentes technologies pour les autoriser, ou non, à entrer dans la « sphère de la société ».

Dans le cadre de cette laïcité technologique, la sphère de la recherche est libre d’utiliser les technologies qu’elle juge nécessaires pour poursuivre sa mission mais sans jamais les utiliser en dehors de ses finalités de production du savoir et dans les limites de la sécurité et des lois de bioéthique spécifiques à la « sphère de la recherche ».

Statut de la connaissance et ouvertures des compétences :

Les nouvelles technologies numériques ont permis de créer des réseaux d’échanges et de production du savoir, inimaginables il y a encore 10 ans. Dans le cadre de ce développement révolutionnaire, nombre de citoyens se retrouvent en capacité d’échanger et de participer à la production du savoir ou à la recherche technologique. Cette révolution démocratique ne doit pas instaurer une coupure entre citoyens initiés ou non. Aussi nous doterons les personnels de la recherche scientifique d’une nouvelle mission : mettre à disposition leurs compétences, dialoguer, échanger et collaborer avec toutes les personnes que l’expérience et la qualification (avec ou sans diplômes) ont rendu aptes à participer à la production du savoir ou à la recherche de solutions technologiques.

Pour cela, le statut de la connaissance ne peut qu’être « libre ». A partir du moment où elles sont validées par les pairs et publiées, les découvertes de la recherche seront placées sous statut « contaminant », relèveront automatiquement du domaine public et seront libre d’accès. Nous reconnaissons la légitimité et l’importance de la protection industrielle mais le dépôt de brevet sera supprimé des prérogatives de la recherche scientifique publique.

Wauquiez veut instaurer l’emprunt au berceau

En déclarant sur France-Inter mercredi 30 novembre que le gouvernement réfléchissait à « un plan épargne éducation » aidé par l’Etat pour que les parents préparent dès la naissance les études de leurs enfants, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Laurent Wauquiez veut lester chaque berceau d’un emprunt individuel en guise de faire-part libéral.

 

Le nouveau modèle en matière d’éducation devrait donc être les Etats-Unis, précurseurs en la matière. Belle perspective que celle d’une société injuste et inégalitaire où les familles doivent emprunter dès la naissance pour couvrir des frais d’inscription qui peuvent dès lors exploser !

 

C’est le retour du chèque éducation, vieille lubie libérale, sous une forme à peine voilée. De l’Université aujourd’hui jusqu’à la maternelle demain, il viserait grâce à l’autonomie des établissements, la destruction de la carte scolaire et la marchandisation savamment orchestrée par les libéraux, à transformer les familles en consommatrices d’éducation au royaume de la concurrence libre et non faussée.

 

Pour cette droite bouffie d’individualisme, la réussite ou l’échec devraient désormais reposer sur les seules épaules des enfants et des familles. Le Parti de Gauche y oppose frontalement l’ambition de la réussite de toutes et tous, seul passage obligé vers la démocratisation.

 

Pour le Parti de Gauche, l’éducation est notre richesse. C’est un investissement que nous voulons assumer collectivement pour le futur de notre pays. Il n’est pas de dette qui vaille en la matière et surtout pas celle que l’on ferait endosser par les familles pour mieux instaurer un système à deux vitesses.

 

 

François COCQ

Novembre 2011

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