Pour un Front de gauche des chercheurs et enseignants-chercheur

Alors que les soulèvements populaires dans le monde arabe rappellent la portée universelle des revendications démocratiques, des valeurs d’égalité et de solidarité, les États européens s’enlisent dans des logiques régressives et à courte vue: obsession à l’égard de flux migratoires «incontrôlés», renforcement de l’austérité budgétaire, démantèlement de l’Etat social et mise en concurrence de tous contre tous. C’est ainsi que la crise sociale s’intensifie chaque jour et que la situation du plus grand nombre semble inéluctablement promise –si rien ne change- à une régression sans fin.

Parallèlement, l’irresponsabilité face à la crise écologique planétaire empêche l’adoption de politiques d’urgence face au réchauffement climatique, à l’épuisement des ressources naturelles et aux multiples dégâts du productivisme, récemment illustrés par le désastre de l’industrie nucléaire japonaise livrée aux intérêts marchands.

L’horizon de la construction européenne, réduite à une monnaie, un marché et des sanctions budgétaires pour les États jugés «laxistes», se résume aujourd’hui au «pacte pour l’euro», véritable pacte contre l’Europe sociale promu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Comment s’étonner que, confrontés à ce genre de projet, les électeurs des classes populaires se détournent de la vie démocratique? En l’absence d’alternative réelle à ces politiques destructrices, le rejet de groupes stigmatisés (Roms, immigrés venus du Maghreb, «menace chinoise», etc.) et la surenchère dans les logiques sécuritaires prospèrent et font planer de lourdes menaces sur la cohésion sociale, voire sur la paix dans nos sociétés.
Il n’y a pas d’alternative politique crédible en dehors des forces qui rejettent sans ambiguïté la poursuite des politiques néolibérales et leur avatar «social-libéral» aujourd’hui à l’œuvre dans les plans d’austérité mis en place en Grèce, au Portugal, en Espagne. Ces forces de la «gauche de gauche» construisent l’unité dans la diversité des traditions, des ancrages sociaux, des cultures politiques, en liaison avec les mouvements sociaux qui tentent de résister aux politiques qui prétendent faire peser sur les fonctionnaires et les salariés les plus vulnérables le poids des ajustements financiers issus de la crise du capitalisme mondial. Elles articulent les réponses à la crise environnementale et à l’urgence sociale, sans aucune illusion sur la compatibilité entre une action écologique sérieuse et la poursuite de la mondialisation néolibérale. La convergence de ces résistances est plus nécessaire que jamais, dans les mobilisations comme dans les urnes. En France, le Front de Gauche incarne aujourd’hui cette dynamique unitaire qui entend peser sur le cours du monde. Il représente la perspective de la construction en France d’une «gauche de gauche» plus unie, plus cohésive, alliant radicalité dans les luttes sociales et capacité à transformer les institutions.
Les chercheurs et enseignants-chercheurs ont un rôle crucial à jouer dans la construction d’une alternative politique, économique et sociale à la fois nationale, européenne et internationale. Ils sont eux-mêmes confrontés aux menaces et aux attaques qui pèsent chaque jour un peu plus sur la liberté de la recherche et, simultanément, à l’extension rapide des logiques mercantiles qui mettent en cause les valeurs universelles associées à la quête désintéressée des connaissances et à ladiffusion des savoirs et des biens culturels. Dès lors, ils ne sauraient se contenter du rôle de «spectateur», fût-il «engagé», et ne peuvent rester indifférents à la dégradation rapide de l’état du monde. Au nom même de l’autonomie de l’activité intellectuelle, il est temps de réaffirmer les valeurs universelles qui en sont solidaires et de les faire entendre dans l’espace politique.
Cette exigence universaliste trouve un écho immédiat dans la situation française et européenne. Il s’agit aujourd’hui de subordonner réellement la finance à la démocratie, par des mesures immédiates et des régulations contraignantes et d’en finir avec le primat de la quête du rendement financier à court-terme sur tout autre objectif, qu’il soit social ou environnemental. La «crise des finances publiques» en Europe est avant tout le produit de la démagogie fiscale indissociable des politiques néolibérales, dont le «bouclier fiscal» n’aura été qu’une illustration symptomatique. Il s’agit ensuite de remettre à plat le système monétaire, fiscal et financier européen, de libérer les États de la pression des marchés financiers et de leur donner les moyens de mener les politiques publiques volontaristes indispensables pour faire face aux crises enchevêtrées dans lesquelles nous sommes plongés.
Ces orientations devront prioritairement reconstruire les secteurs sinistrés par les politiques d’austérité: environnement, éducation, recherche, santé, protection sociale. Elles lutteront résolument contre le chômage de masse et la précarité, y compris par le développement de l’emploi public à tous les niveaux, par des mesures de solidarité comme le partage du travail et l’instauration d’une sécurité sociale professionnelle, etc. Elles favoriseront le développement d’innovations scientifiques et techniques réellement utiles au bien-être collectif et à un développement soutenable. Elles supposent une volonté politique de tous les instants et à tous les niveaux: seule une planification écologique mobilisant activement le plus grand nombre sera à la hauteur des enjeux de la période.
C’est dans la perspective de travailler à ce projet au nom des valeurs démocratiques et de l’autonomie de l’activité intellectuelle, que nous proposons aux chercheurs et enseignants chercheurs de nous rejoindre dans un «Front de gauche des chercheurs et enseignants-chercheurs», unitaire et résolument attentif à la cohérence entre les discours politiques et les actes

 

 

Pour signer cet appel:

http://www.placeaupeuple2012.fr/pour-un-front-de-gauche-des-chercheurs-et-enseignants-chercheurs/

Retards dans le versement des bourses aux étudiants : le gouvernement s’éloigne encore du triple A social

Au soir du 22 novembre, de très nombreux étudiants n’ont pas encore reçu le versement de leurs bourses par les CROUS (Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Sociales) pour le mois de novembre et les inquiétudes planent déjà sur le versement de celles de décembre prévu « peu avant Noël »…

Ces retards de versements mettent des étudiants, déjà en difficultés financières, dans des situations sociales catastrophiques en les faisant passer de la précarité à l’extrême pauvreté. La raison de ces problèmes de versement est simple : le gouvernement, qui a promis depuis des années un 10ème mois de bourses en septembre (une mesure d’urgence sociale nécessaire) a oublié de financer cette belle promesse. Mieux ! Son dogme de l’austérité, qui veut que les pauvres paient pour les financiers, le conduit aujourd’hui à diminuer le budget de 21 des 28 CROUS. Ces problèmes graves révèlent donc la volonté plus large du gouvernement de casser les services publics des œuvres universitaires, services nécessaires et uniques en Europe ! La priorité est ailleurs : rassurer les marchés financiers, sauver les banques, au prix du quotidien de ceux qui sont l’avenir de notre pays.

Le Parti de Gauche soutient les étudiants en lutte pour leurs droits et leur dignité, il soutient le droit aux études pour tous et pas seulement pour ceux dont les parents peuvent les payer. Cette mobilisation s’inscrit dans la lutte sociale globale contre l’austérité et la dictature des marchés, et pour remettre au centre une alternative sociale au modèle actuel qui conduit notre pays sur la même voie que les Grecs ou les Espagnols.

Au-delà des mesures d’extrême urgence (garantie de financement du 10e mois de bourses), et à l’heure où les régions appellent à une régionalisation du logement étudiant qui vont accroître les inégalités sociales et territoriales et affaiblir encore davantage les CROUS, le Parti de Gauche appelle à un service public des CROUS renforcé (aides sociales, logement, restauration, culture… ), géré par les étudiants et personnels, et à la mise en place d’un statut social pour les étudiants et jeunes travailleurs avec, notamment, un système d’allocations pour tous, seule mesure permettant d’abolir la précarité et de garantir la réussite de tous à l’université et dans les premiers années d’emploi.

La commission ESR

 

 

François HOLLANDE a dévoilé son équipe en charge du volet éducation.

Il s’agit d’Alain CLAEYS, maire de Poitiers pour l’enseignement supérieur et le député Jean-Yves LE DÉAUT pour la recherche.

Alors même si Alain CLAYES s’est fait le chantre de la performance à tout crin dans l’université, F. Hollande s’est entouré de « plus fort » encore…

Car dans son équipe, figure aussi Lionel COLLET, ancien président de la CPU de 2008 à fin 2010, qui a pensé toute la loi LRU. On se souvient que ses propositions à l’époque allaient même au-delà de la loi Pécresse actuellement en vigueur.

Rappelons en outre que Lionel COLLET estime que le noyau dur de cette loi, fondée sur la déconcentration de la gestion des universités, doit être préservé. Et même s’il est ouvert à des évolutions du modèle de gouvernance des établissements, il propose néanmoins  que chaque président d’université ne soit en charge que de l’administration de celle-ci…donc un super gestionnaire administratif avec des objectifs de performance. Il fera donc « bonne équipe » avec A. CLAEYS.

Enfin, pour finir le tableau, L. Collet aimerait bien pouvoir rapidement augmenter les frais d’inscription :« on nous donne l’autonomie des dépenses mais pas celle des recettes, notamment sur les frais d’inscription ». Avec de telles lames, le programme que le candidat Hollande concocte, sera bien plus proche des propositions du Club Terra Nova qui refusait l’abrogation de la LRU et qui conseillait une augmentation très sensible des frais d’inscription afin de participer au financement des universités que de ce qu’attendent les étudiants et la jeunesse.

A ce propos, le texte de l’accord entre le PS et EELV en proposant seulement «des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche… organisées afin de réexaminer la loi LRU et de trouver les voies pour mieux garantir l’indépendance de la recherche », est en très net recul et s’apprête à renoncer à une rupture avec les réformes de Sarkozy à l’Université…

L’équipe du candidat socialiste n’est pas un bon signal envoyé à la communauté universitaire qui s’était mobilisée sans précédent dès 2007 contre le projet de loi LRU et d’une rupture brutale et franche avec l’ensemble des valeurs portées par la Gauche. Le fait que B. Monthubert qui a soutenu A. Montebourg en soit écarté est symptomatique!

Le projet socialiste porte au travers des personnes qui l’incarne des éléments forts et clivants avec notre propre vision de ce que doit être l’enseignement supérieur et la recherche comme service public.

Le parti de Gauche garantira son soutien sans faille à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement de fonctionnaires et de financement gommant les inégalités entre établissements et permettant une réelle liberté de recherche et pédagogique.

 

Chantelot Pierre

Perdereau Patrice

Des budgets d’universités en déficit!

À la suite du président de l’Université de Bretagne-Sud, celui de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, officialise dans la presse une situation inédite provoquée par les réformes destructrices du gouvernement Sarkozy: il ne pourra pas boucler son budget 2011. Il manque deux millions d’euros pour terminer l’année et plus encore sans doute en 2012. Il y a quelques jours, c’était le Conseil d’Administration de l’Université de Nantes qui adoptait un budget primitif 2012 en déséquilibre, provoquant la réaction immédiate du Recteur de l’Académie, qui plaçait l’établissement sous sa tutelle financière. Chaque jour la liste ne fait que s’allonger. On est donc loin des promesses du candidat Sarkozy d’augmenter d’1,8 milliards d’euros par an soit 9 milliards sur la durée du mandat.

Voilà où nous ont mené la RGPP, la LRU, les RCE, la politique des « pôles d’excellence »et l’arrêté licence. Voilà où conduit l’autonomie : à la baisse des moyens et au déficit aujourd’hui puis demain à la dette, diront ils!

Pour faire face, les université exsangues n’ont que la triste possibilité d’ajuster leur masse salariale pour équilibrer leur budget ! Or cette masse salariale doit être revue continuellement à la hausse car la fameuse autonomie a donné lieu à une dérive du transfert de charges supportées par les université sans que l’Etat ne les compense. Et ce n’est pas la rallonge promise par le Ministre Wauquiez au dernier moment, pour l’ensemble des 82 universités, de 14,5 millions d’euros pour financer le GVT (glissement – vieillesse – technicité) qui changera grand chose ! L’Etat a donc réussi son tour de passe-passe hypocrite en faisant faire le sale boulot par les universités qui sont obligées de sacrifier leur personnel par des suppressions d’emploi préventives en gelant des postes ou leur formations en les fermant purement et simplement.

Les laboratoires notés A et A+, étant aussi touchés, la course à « l’excellence » avec l’évaluation par l’AERES est bien un véritable marché de dupes dont personne aujourd’hui n’est plus à l’abri !

À l’heure de l’organisation par l’Etat de la pénurie de moyens pour l’ensemble des universités, le partage de la richesse, les valeurs de solidarité et de collégialité doivent revenir au premier plan ! Sinon, nous attendrons peu de temps pour nous entendre dire que l’augmentation des frais d’inscription et d’études est la seule solution possible.

Le Parti de Gauche exige les moyens nécessaires pour le Service public d’enseignement supérieur et de recherche. Ces moyens doivent être attribués de manière transparente. Le Parti de gauche s’oppose à la régression du budget 2012 pour l’ESR et fixe pour priorité d’atteindre en 5ans les 3% du PIB pour la recherche civile et des crédits des fonctionnement d’un montant moyen de 12000 euros par étudiant dans le cycle licence.

P. Chantelot

P. Perdereau