Réponse à l’Association Française d’Economie Politique – AFEP

Le Front de gauche défend l’indépendance de la recherche scientifique et réaffirme, pour la qualité du débat intellectuel et politique, son attachement à l’égal dignité entre disciplines, au pluralisme des idées, des concepts et des méthodes parce qu’ils sont les outils indispensables dont les citoyens ont besoin pour le progrès de la connaissance et pour lutter contre l’ignorance.
La politique de l’ESR conduite par Sarkozy depuis 5ans, puisant ses racines dans le traité de Lisbonne et prônant un projet néo-libérale de la société, a créé les conditions d’une mise en concurrence totale et délétère pour la recherche et l’enseignement supérieur en France. Les disciplines des sciences sociales et humaines, dont celle de l’économie, n’échappent pas, hélas, au ranking et autres effets pervers de la mise en concurrence entre laboratoire de recherche et chercheurs.
La situation est catastrophique pour les sciences économiques. Depuis plus de 20 ans, l’école de pensée néo-classique occupe une telle position hégémonique qu’à court terme, elle sera la seule à exister dans le champ de l’enseignement supérieur et de la recherche académique.
Cette situation est inacceptable et nécessite des mesures de réparation immédiates pour créer les conditions institutionnelles du pluralisme des courants de pensée et ainsi offrir aux étudiants la liberté du choix entre formations en économie et aux chercheurs, la liberté de choisir leurs axes de recherche. L’état doit être le garant du pluralisme intellectuel et du débat démocratique au sein des instances représentatives élues (CNESER, CoNRS) pour faire émerger des nouvelles disciplines répondant aux besoins et enjeux sociaux et environnementaux du XXIème siècle pour la France.
La domination d’une forme de pensée unique fondée sur le couple rationalité individuelle/marché efficient, inadapté à la compréhension des enjeux du monde contemporain est aujourd’hui critiquée y compris Outre Atlantique ; aucun de ses axiomes ne s’est trouvé validé, particulièrement au moment de la première phase de la crise systémique. Comme d’autres domaines, les sciences économiques et sociales ont vu l’effet destructeur et stérilisant de l’asservissement scientifique à une logique marchande. Il n’existe pas un paradigme unique dans ces domaines qui doivent se nourrir en permanence de confrontations sans tabou ni balisage contraint. Le FDG s’engage à étudier les voies permettant d’assurer :

 

 

Plus largement, le FDG agira pour déconnecter les recherches dans ce domaine de toute subordination au pouvoir politique. C’est aussi le sens de nouvelle loi que le FdG mettra en chantier et qui s’appuiera sur les travaux d’Assises de la recherche réunies dès le début du mandat. Ce processus fera appel à tous les acteurs de l’ESR et un questionnement sans biais ni figure imposée sera élaboré et adressé à la communauté universitaire. Il devra balayer le champ des missions nouvelles, s’assurer que celles-ci sont conformes à la logique de service public, promouvoir la coopération dans toutes ses dimensions et assurer les conditions institutionnelles du pluralisme des courants de pensée.

 

Front de Gauche de l’ESR

LRU : la marchandisation du savoir et de la culture en marche. Alerte !

Sous prétexte d’autonomie, avec Valérie Pécresse, l’état a dit aux universités : « Débrouillez-vous. On ne vous donne plus rien. A vous de trouver vous-même vos fonds ». Une illustration flagrante a lieu en ce moment avec le tournoi national de ballon prisonnier organisé par Red Bull à l’intérieur des universités :

 

http://www.redbull.fr/cs/Satellite/fr_FR/Red-Bull-Balle-aux-Prisonniers/001242965850977

 

16 universités au moins y participent.

Sous couvert de sport, Red Bull s’introduit dans l’université, à grand renforts de parasols et autres voiture criblées de pub pour la marque au taureau rouge. C’est par ailleurs la pire des marques, boisson énergisante controversée quant à ses excès de taurine, potentiellement dangereux pour la santé, et alcoolisée en soirées étudiantes. L’afssaps s’était d’ailleurs opposée à l’entrée de Red Bull sur le sol français :

 

http://www.dailymotion.com/video/xbb9a8_envoye-special-red-bull-avec-ou-san_news

 

La logique sport-santé est implacable… Ca parait grotesque, mais tout ceci est bien ficelé : Red Bull a toute une stratégie d’invasion des milieux étudiants par des étudiants :

http://www.redbull.fr/cs/Satellite/fr_FR/Generic/Contact-021242789250040?CategoryName=Games&p=1242746062375

 

Ainsi jeudi 29 Mars, nous avons vu débarquer sur les gazons de l’université d’Avignon ce tournoi aux airs bon-enfant. On aurait pu penser cette vaste campagne de pub aurait au moins pris pour prétexte une cause humanitaire ou noble : sida, logement étudiant … etc. Mais non. Aucun enseignant n’était prévenu. La manifestation, à force de grands cris et de « hourras » a par ailleurs dérangé de nombreux enseignements et examens qui se tenaient à la même heure. Quelqu’un a donc du autoriser cette manifestation, mais on a peut-être eu peur de choquer le personnel de l’université qui du coup n’a pas été prévenu. Double couac. La presse locale ne s’offusque pas et elle aussi crie hourra :

http://www.citylocalnews.com/avignon/2012/03/26/avignon-la-balle-aux-prisonniers-revisitee-par-les-etudiants

http://www.citylocalnews.com/avignon/2012/03/30/avignon-les-etudiants-remettent-balle-au-prisonnier

http://www.laprovence.com/actu/region-en-direct/jeudi-cest-balle-aux-prisonniers-facon-red-bull

 

Vive les médiacrates !

 

C’est un premier ballon dans l’invasion de nos services publics par les grandes firmes multinationales. On imagine que sous un second quinquennat sarkozien, l’expérience se prolongera aux lycées et collèges publics, et nos chères petites têtes blondes pourront prendre option Red Bull au bac, plutôt qu’histoire… Quand on sait que F. Hollande n’entend pas abroger la loi LRU, on comprend qu’il faut  d’urgence voter Front de Gauche.

 

La publicité rentre déjà tous les jours massivement dans l’université avec le faux- journal d’info-pub « 20minutes » distribué quotidiennement entre 7h30 et 9h à tous les étudiants, et qu’on retrouve par terre ou sur les tables dans les salles de classe. Mais avec Red Bull, le rêve américain est devenu réalité. Les équipes de marketing  envahissent l’espace public, et face à l’abandon de l’état sarkozien, ils vont bientôt se rendre indispensables en termes de financement.

 

Le loup est entré dans la bergerie. Sur nos boîtes aux lettres nous mettons un autocollant « Stop Pub ». Si on pouvait en mettre un devant notre université…

 

Réponse de Jean-Luc MELENCHON au questionnaire du SNESUP

Les questions sont les suivantes:

 

1)    Envisagez-vous l’abrogation de la loi LRU? Par quelles mesures immédiates et à plus long terme, engagez-vous un changement de cap garantissant un fonctionnement des établissements fondé sur une collégialité démocratique et assurant aux universités et laboratoires des financements d’Etat stables et pérennes ?

La LRU est l’outil privilégié des libéraux pour imposer la marchandisation et la mise en concurrence de l’enseignement supérieur et de la recherche. Désormais, les universités luttent entre elles et en leur sein pour vivre. Elles doivent se plier au diktat de la compétition en lieu et place de la coopération qui devrait prévaloir dans ce monde du savoir. L’Université est le lieu de l’universalisme et du savoir. Or le savoir est la seule chose qui se multiplie quand on la partage. Je restaurerai ce cycle vertueux.

Cela demandera bien sûr de préparer la construction d’une nouvelle loi dont le vote interviendrait en même temps que l’abrogation de cette sinistre LRU. La méthodologie de travail revêt autant d’importance à mes yeux que le contenu de la future loi, dans l’optique d’y faire adhérer l’ensemble de la communauté. Ainsi, en tout premier lieu, il faut, d’une part, procéder à une évaluation critique des dégâts et des mesures immédiates de réparation nécessaires et, d’autre part, charger le CNESER et le CoNRS d’organiser au sein de toute la communauté de l’ESR l’ébullition intellectuelle indispensable à l’émergence de la loi.

 

2)    Pour rompre avec le processus inégalitaire actuel des Idex, Labex,…, quelles mesures institutionnelles et quels moyens budgétaires (y compris en emplois) comptez-vous mettre en oeuvre, dès la prochaine rentrée, pour assurer un développement équilibré sur l’ensemble du territoire du service public d’enseignement supérieur et de recherche? Quels sont les objectifs qui seront assignés à ce service public ?

Les Idex, Labex et autres « Bidulex » visent aujourd’hui à créer des territoires d’exception au sein de la République pour mieux conforter la concurrence libre et non faussée internationale. La concurrence est mise en place au niveau international pour se traduire ensuite en une lutte entre étudiants. La concentration comme mode d’organisation privilégié doit donc être interrompue. À l’occasion de l’élaboration de la nouvelle loi, nous redéfinirons le périmètre des Idex et transformerons ceux-ci en pôles de coopération. Mais, pour cela, la question des moyens se pose avec acuité après les ravages du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce sont donc 5 000 emplois statutaires par an pendant 5 ans qu’il faudra envisager pour remettre sur les rails un service public qui vise l’élévation du niveau culturel, scientifique et des qualifications de l’ensemble d’une classe.

 

3)    Comptez-vous abroger la « réforme » de la formation des enseignants ? Quelles mesures pensez-vous prendre pour engager, dès la rentrée 2012, une tout autre réforme associant une véritable formation professionnelle à une formation universitaire en s’appuyant sur le potentiel des IUFM et des UFR ?

Une nouvelle réforme de la formation des enseignants doit voir le jour pour remplacer ce dispositif absurde qui nie la nature même de l’acte d’enseigner. Celle-ci articulera formation de haut niveau dans la ou les disciplines à enseigner, formation professionnelle et ouverture à la recherche. Elle s’appuiera sur des pré-recrutements afin de permettre aux jeunes issus de milieux populaires d’accéder au métier. Le statut de fonctionnaire d’État, garantie de la liberté pédagogique et de l’égale qualité du service public sur tout le territoire, sera renforcé. Parallèlement, la recherche en éducation doit être relancée, la formation continue rétablie, et des temps d’échanges pédagogiques, de réflexion et d’élaboration institués dans les établissements.

JL Mélenchon

Un changement historique du métier d’enseignant

 Depuis plus de 15 ans, un changement sans précédent du métier d’enseignant est à l’œuvre. Il résulte des préconisations libérales qui n’ont de cesse de démanteler le système public d’éducation pour le livrer sans vergogne aux appétits privés. Les vœux du président-candidat Sarkozy à la communauté éducative du 5 janvier 2012 à Poitiers témoignent d’une accélération fulgurante. Le triptyque autorité, autonomie et flexibilité est convié à cet effet.

Comme pour l’université avec la LRU, l’autonomie serait donc la solution idéale permettant de résoudre les problèmes pour tous et partout. Si le système éducatif fonctionne mal, c’est qu’il n’est pas assez autonome. Mais l’autonomie ne doit pas être réduite qu’à sa seule dimension budgétaire. C’est un processus permettant certes la mise sous coupe financière mais aussi intellectuelle de la sphère éducative et l’accroissement des inégalités avec une école à plusieurs vitesses. Après l’université, au tour des autres cycles de l’éducation nationale d’être pris comme cible.

La restauration de l’autorité des maîtres dans l’école publique passe pour Nicolas Sarkozy par la copie du modèle de l’école privée où ce sont les équipes dirigeantes qui choisissent leurs enseignants. Cette autonomie n’est plus ni moins qu’un chantage pervers envers la communauté éducative : elle doit obéir, sinon c’est la porte. C’est là clairement un dévoiement pernicieux du mode managérial ouvrant la voie au règne des petits chefs.

Plusieurs universités sont passées sous la tutelle du rectorat après avoir vu leurs budgets en déficit. C’est la réalité de la LRU et de l’autonomie. Pour les collèges et les lycées, l’autonomie se traduira par des changements destructeurs sans précédent. Les plus riches établissements des centres-villes seront les gagnants de la mise en concurrence. Ils se développeront en attirant des enseignants qui accepteront toutes les conditions de travail : mise sous tutelle des pratiques et des contenus pédagogiques, modulations du service,  changement de la matière enseignée etc. Dans le même temps, lycées et collèges des secteurs populaires verront partir leurs enseignants et leur budget, prélude pour certains d’entre eux à leur fermeture.

L’autonomie financière va de pair avec le désengagement de l’État ; elle constitue une entreprise de destruction des libertés pédagogiques et de démantèlement des cadres réglementaires, en terme de recrutement ou de diplômes. Le but est clair : casser tous les cadres nationaux qui garantissent le maintien d’égalité et démanteler par la même occasion les statuts des personnels.

Les enseignants exercent un métier d’intellectuel se situant au cœur de la construction des processus d’apprentissage. L’exigence d’un master 2 pour enseigner aurait pu signifier une volonté d’élévation du niveau disciplinaire et de qualification. Or ce fut un marché de dupe ! La casse de la formation d’enseignants jetés, sans expérience, sur le terrain a mis un coup d’arrêt brutal aux rêves de nombreuses vocations !

Le développement de l’émancipation intellectuelle doit être le garant de la conception de cours en toute liberté pédagogique. C’est pourquoi les contenus des masters d’enseignement doivent être en prise directe avec la recherche universitaire, posséder un contenu disciplinaire fort et une formation contextualisée indispensable à la mise en pratique de savoirs théoriques. Mais c’est le contraire qui est visé : l’enseignant est progressivement amené, contre sa volonté, au rang de prestataire de service devant utiliser des mallettes pédagogiques toutes faites et vendues à prix d’or par des entreprises privées et l’avalanche des réformes au lycée conduisent au final à déstabiliser les équipes pédagogiques et à casser le moral des enseignants. C’est un véritable travail de sape pour dévaloriser le métier d’enseignant.

A travers ce bouleversement radical du métier d’enseignant et des missions dévolues à l’école de la République, c’est une nouvelle vision de la société que la droite veut promouvoir. Une société fondée sur le renoncement, la concurrence et la marchandisation, aux antipodes de notre volonté de mettre au plan de nos préoccupations l’égalité, l’émancipation et « l’humain d’abord ».

 

CHANTELOT pierre, responsable commission enseignement supérieur et recherche

DASPE Francis, responsable commission éducation

 

Ce qu’est ITER?

Fiche de synthèse réalisée par la Commission ESR et planification écologique

 

Ce qu’est ITER ?

ITER (originellement en anglais : International Thermonuclear Experimental Reactor ou en français : « réacteur thermonucléaire expérimental international ») est un prototype de réacteur nucléaire à fusion actuellement en construction à proximité de Cadarache (France). Ce prototype est destiné à vérifier la « faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire comme nouvelle source d’énergie».

ITER qui devait, selon ses concepteurs, être achevé en 2019, soit trois ans de retard sur l’agenda initial a été à nouveau décalé en février 2010, les délais s’étant avérés trop optimistes. Le budget, initialement estimé à 10 milliards d’euros (50 % pour la construction et 50 % pour l’exploitation), va subir une augmentation de 3 milliards à 20 milliards. En juin 2009, la BBC a affirmé que le coût du projet a doublé comparativement à l’estimé initial, passant à 16 milliards de dollars, ce qui pourrait inciter les responsables du programme à diminuer de façon notable la taille du projet.

 

Le prototype ITER ne produira pas d’électricité, mais de la chaleur : il aura selon ses concepteurs une puissance thermique de 500 MW. Il est basé sur les technologies déjà utilisées dans les tokamaks (DIII-D, TFTR, JET, JT-60 et T-15) qui ne produisent pas non plus d’électricité. Mais ITER doit tester les technologies nécessaires à la fabrication du réacteur expérimental DEMO (d’une puissance prévisionnelle de 1 500 MW électrique), dont l’objectif sera de démontrer la faisabilité industrielle de la production d’électricité par la fusion nucléaire.

 

ITER n’est pas un prototype de centrale fusion. C’est un outil de recherche pour comprendre des phénomènes liés à la fusion. ITER apportera des réponses technologiques sur la tenue des matériaux face à ce rayonnement des neutrons de forte énergie, mais aussi sur les aimants supraconducteurs, les plasmas haute densité, etc.

Chronologie

1985 : Mikhaïl Gorbatchev propose à Ronald Reagan, après s’être concerté avec François Mitterrand et Margaret Thatcher, de lancer un programme international visant à développer l’énergie de fusion à des fins pacifiques.

1986 : L’Union Soviétique, les États-Unis, l’Europe et le Japon lancent le programme ITER.

1998 : Les États-Unis se retirent. Le projet est revu à la baisse.

2003 : Les États-Unis reviennent dans le pool ITER, avec la Chine et la Corée du Sud.

2005 : La France est choisie pour accueillir réacteur au terme d’une longue compétition avec le Japon. L’inde s’associe au projet.

2007 : L’accord créant une entité juridique internationale chargée de la construction, de l’exploitation et du démantèlement futur du réacteur est signé à Paris. Création de ITER Organization.

2008 : Début des travaux à Cadarache (Bouches-du-Rhône)

2010 : Démarrage de la construction du réacteur. Le calendrier des opérations, les financements et la définition des besoins sont désormais cadrés pour les trois décennies qui viennent.

Les acteurs participants au projet sont les actuelles puissances mondiales.

Le professeur Osamu Motojima, physicien de renom, directeur de 2003 à 2009 de l’Institut japonais des sciences de la fusion (NIFS) est à la tête de ITER Organization.

 

 

Le PG et la science

Le PG affirme de façon claire le principe de la liberté de la recherche.

La recherche fondamentale ne peut se concevoir que par un travail coopératif au sein de toute la communauté scientifique. Sa mise en œuvre et ses applications doivent être contrôlées par des instances démocratiques et reconnues par la communauté scientifique.

 

Le PG est un parti qui s’inscrit dans « la poursuite du progrès humain ». A ce titre, il encourage la recherche fondamentale. Instrument inédit de recherche, ITER permettra des avancées scientifiques aussi bien en physique nucléaire, en thermodynamique, en mécanique des solides et même en astrophysique.

 

Le PG est un parti qui encourage « la coopération plutôt que la compétition » – là ou d’autres calculent déjà comment les nations s’affronteront dans une course aux matières premières, le PG doit souligner la gouvernance mondiale et la coopération qui sont les bases de la création d’ITER. Au delà de tensions ponctuelles et de petites rivalités qui se retrouvent dans tous les projets ambitieux, ITER est un projet collaboratif de recherche publique, donc les résultats concerneront l’intérêt général. Cet effort doit être salué et encouragé.

 

Le PG et l’application de la technologie dans la sphère de la société

Le PG affirme que le cadre général (que constitue les finalités, la réalisation, les moyens, la dispersion, le confinement, les buts et le personnel) de la technologie dans la recherche scientifique n’a absolument rien à voir avec le cadre de la technologie dans la sphère marchande qui a pour but le commerce.

De fait, si la communauté scientifique dialogue avec le politique, elle reste souveraine dans sa démarche.

Mais par ailleurs, le PG affirme que la technologie créée dans le cadre de la recherche n’a pas à sortir de ces applications et entrer dans la sphère marchande sans l’agrément des citoyens qui sont souverains pour décider, ou non, s’ils souhaitent voir une technologie venir dans le quotidien de la société où ils vivent, et donc influer sur celle-ci.

Ainsi, si les scientifiques sont souverains dans leur tache et leur mission de créer le savoir et de le mettre à disposition de tous (et pour cela, de développer les techniques qui leurs sont nécessaires dans les conditions de la sûreté), il est impératif de gérer les technologies en fonction de leur sphères d’influence, d’usages et d’application. Pour cela, le PG affirme que la sphère de la recherche et la sphère de la société sont si dissemblables dans leur buts, moyens, personnels et finalités, que le passage d’une technologie de la sphère de la recherche à celle de la société toute entière doit être impérativement soumis à l’approbation citoyenne (via des instances spécifiques), au lieu de l’état actuel qui laisse cette pénétration quasi libre.

Le PG pose cette distinction technologique afin de garantir aux citoyens la maîtrise et leur rôle dans le devenir de leur société, et aux citoyens scientifiques, la mission qui est la leur au sein de cette société.

 

Le PG et ITER

Le PG est un parti qui favorise l’intérêt public de long terme plutôt que les intérêts privés de court terme. A ce titre, alors que la tendance depuis des années est à l’exploitation de court terme et au gaspillage des ressources qui nous sont disponibles, ITER est un projet qui n’a pas de but commercial, ni d’actionnariat privé et dont le pas de temps fait que nous n’aurons pas les premiers résultats avant 10 à 20 ans. Le projet ITER, c’est construire un outil de recherche publique à destination de la prochaine génération.

 

Mais: le PG est également un parti qui encourage « un changement radical des modes de production, de distribution et de consommation ». A ce titre, le PG ne souhaite pas qu’ITER devienne une justification à l’absence de remise en question à la fois de notre consommation énergétique (dont l’augmentation continue n’est pas durable) et de nos modes de production (centrés sur des énergie non-renouvellables).

 

En particulier, le PG ne considère pas que ITER préfigure l’énergie de demain, et que l’énergie de fusion ne doit pas être considérée comme une alternative réaliste face à la crise écologique et énergétique.

La physique

ITER vise à démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion comme nouvelle source de production d’énergie.

D : Deutérium

T : tritium

Le tritium (T ou 3H) est – comme le deutérium – l’un des isotopes de l’hydrogène. Il possède 1 proton et 2 neutrons. Il a été mis en évidence en 1934, par Ernest Rutherford, dans la réaction nucléaire D+D->T+p.

A la différence du deutérium, cet élément est radioactif. Il émet un rayonnement bêta (β-) (de faible énergie) en se transformant en hélium 3 (3He).

Sa période ou demi-vie est de 12,32 ans.

La fusion D +T offre une densité énergétique unique : l’équivalent d’un verre d’eau (D+T) libère potentiellement autant d’énergie que 2 600 tonnes de charbon.

Production de 1000 MWe pendant 1 an :

Cette densité d’énergie théorique ne pourrait de toute façon être exploitable à grande échelle pas avant 50 ans voir bien plus ( horizon 2100). Pour l’instant l’état de la recherche appliquée n’en est qu’à ses tout débuts.

Le problème des déchets nucléaires est différent de celui que l’on connaît actuellement car leur demi-vie est de 13 ans au lieu de plusieurs siècles.

Le risque d’emballement de la réaction est aussi impossible de part le principe même de la réaction.

La recherche fondamentale et appliquée

La réaction nucléaire de fusion est celle qui anime la vie des étoiles, telle que notre Soleil. D’un point de vue recherche scientifique fondamentale, on peut y voir une quête des origines et la maîtrise de la puissance des étoiles. Cet aspect recherche fondamentale ne peut être ignoré.

La recherche appliquée apportera des réponses technologiques sur la tenue des matériaux face à ce rayonnement des neutrons de forte énergie, mais aussi sur les aimants supraconducteurs, les plasmas haute densité, etc.

Mais il y aura aussi des débouchés aléatoires et secondaires. Par exemple, l’électronique ou Internet furent les premiers débouchés du CERN. La recherche fondamentale produit des applications aléatoires qu’une politique libérale par objectifs ne pourra que brider.

Les défis technologiques et scientifiques

De nombreux défis technologiques et scientifiques sont à relever : résistance des matériaux face à des neutrons de 14 MeV, évacuation de la chaleur, fabrication du T à partir de Li dans la machine, optimisation du temps de confinement de l’énergie, etc. Aujourd’hui c’est clairement avant tout un projet de recherche.

 

Énergie Avantages Inconvénients
Fusion
  • vraisemblablement peu de rejet de gaz à effet de serre
  • émissions indirectes induites par la construction,  le démantèlement, et les « consommables » en fonctionnement
  • adaptée à la décentralisation de production d’énergie à grande échelle
  • ne présente pas le risque d’emballement du nucléaire de fission
  • les quantités de « combustibles » nécessaires seront vraisemblablement suffisamment faibles pour que l’approvisionnement ne soit pas un problème majeur. Il est possible aussi que les machines autour consomment elles aussi des ressources rares.
  • pas de déchets nécessitant des stockages au-delà de 100 ans
  • concerne le long terme (>>2050) : donc après/pendant les crises : énergétique liée au manque de pétrole et climatique liée au réchauffement.
  • coût d’investissement important : entraîne un partage des coûts et donc une organisation internationale complexe
  • faisabilité à démontrer, technologie complexe

 

Le problème de la matière première de base se posera aussi avec ITER : il faut du lithium pour le fonctionnement, et les gisements ne sont pas inépuisables. Les premiers vols de vautours autour de ces gisements commencent à s’observer. Le salar d’Uyuni en Bolivie est l’un des principaux gisements mondiaux de lithium. Heureusement qu’Evo Morales en est le président : il a mis un frein aux appétits de certaines sociétés qui voulaient s’approprier le gisement (et dans le même temps défigurer un site magnifique).

 

ITER fournira de l’énergie trop tard pour apporter une réponse,  partielle d’ailleurs, aux  problèmes d’énergie que nous allons avoir à résoudre en 2015-2020 c’est à dire demain . Le pétrole, au delà des dégâts écologiques énormes que provoque son extraction , extraction dans les schistes bitumeux au Canada dans l’Alberta et l’Ontario, va devenir de plus en plus rare et cher.

Il existe une association composée de géologues, économistes de l’énergie :  www.peakoil.net en anglais qui étudie les réserves prouvées de pétrole et la consommation , le peak c’est quand réserves =consommation . Certains le prévoient en 2011 , c’est très difficile à estimer les pays pétroliers  et les compagnies ayant tendance à surestimer leurs réserves  mais il arrivera un jour et si nous avons de vagues, très vagues réponses pour l’automobile, on n’en a pas pour l’aérien  ni pour la pétrochimie.

La gouvernance

Un projet de l’ampleur d’ITER, implique donc des investissements financiers conséquents, que d’ailleurs chacun des partenaires s’est engagé à supporter. Néanmoins, comme pour bon nombre de projets innovants, il s’avère que sur l’aspect financier comme en matière de délais de réalisation, un glissement conséquent s’est fait jour par rapport aux prévisions initiales.

Les difficultés de faire travailler des peuples de cultures différentes sont toujours sous estimées : Airbus en est un exemple…Au-delà des problématiques liées au pilotage d’un projet au coût plus que conséquent et à la technicité complexe, se rajoute des problématiques liées aux cultures, aux interactions entre peuples, gouvernements et entité chargée de pilotée le projet. Une belle aventure humaine…

Un projet d’une telle ampleur ne peut (dans une certaine mesure) soumis aux aléas des alternances politiques…D’où le besoin d’une planification pérenne à très long terme pour un projet qui ne peut être que mondial.

Comme Airbus a permis de réaliser une certaine Europe industrielle, ITER peut il permettre à différents pays de différentes cultures sur les 5 continents d’avancer dans la même direction ?

Le coût

Voici l’argumentaire de l’agence ITER France :

« Quelques comparaisons permettent d’apprécier ce que représente le coût d’ITER pour l’Europe et la France : de l’ordre de 1,3 % du budget de la recherche européenne (sur la base du programme cadre de recherche et développement 2007-2013) ; de l’ordre de 0,3 % par an du budget « recherche » français (année 2005). « 

Par ailleurs, l’Europe consacre un budget quasi équivalent aux recherches sur la fusion qu’aux recherches sur les énergies non nucléaires (énergies renouvelables, maîtrise de l’énergie…). L’investissement européen dans ITER (environ 250 millions d’euros par an) représente environ la moitié du budget européen consacré aux énergies non nucléaires (500 millions d’euros par an environ). Au niveau de la France, le coût d’ITER est inférieur au budget français consacré aux recherches « énergies non nucléaires ».

Arrêter de financer ITER ne garantirait absolument pas un report de budget sur d’autres type de recherche, énergie renouvelable entre autres. Faire de la recherche publique sur les énergies renouvelable, c’est financer le privé, car les structures qui font du renouvelable sont actuellement plus privées que publique (même si EdF et GdF , encore majoritairement publics, qui possèdent de grosses centrales en France).Mais il y aurait aussi des moyens à mettre dans des structures publiques, en développement, en recherche (un peu) et aussi en accompagnement (conseil, sensibilisation, éducation, services publics…) des citoyens et acteurs sociétaux pour les économies d’énergie (=sobriété en premier lieu, efficacité en second).

Les pays liés au projet ITER participent en fourniture. Ils fabriquent et développent les éléments nécessaires au projet et en gardent donc les brevets.

Le coût d’ITER est très élevé, le budget prévisionnel de 6 milliard d’euros est largement dépassé et il est prévu actuellement un budget de plus de 16 milliards d’euros. De plus il s’agit d’un budget à planifier sur plusieurs décennies entre différents pays.

Cela a donc des conséquence négatives sur les budgets de financement de la recherche scientifique européenne. Du coup, certains scientifiques prônent une autre voie et estiment que la communauté internationale et l’Europe feraient mieux de reconstruire une centrale d’un nouveau type afin d’améliorer ce que le surgénérateur Superphénix avait déjà appris.

Pour l’instant, l’essentiel de l’engament français dans ITER (20% de la quote-part de l’Europe) a été supporté par les collectivités territoriales de Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour un total de 467 millions d’euros pour l’aménagement et l’accès au site.

Propositions

– le PG se positionne clairement contre l’échappatoire visant à faire croire que la fusion est une solution à la crise écologique (pour des questions de calendrier (la technologie arrivera trop tard), de ressources humaines, de sécurité si la technologie était généralisée (assurer que le tritium ne sera pas utilisé à des fins belliqueuses), de centralisation du réseau et de transport de l’énergie, de disponibilité des ressources (lithium principalement), de démantèlement des éventuelles centrales fusion, et surtout, parce que le PG se positionne pour la sobriété énergétique et non pour la fuite en avant technologique visant à produire toujours plus d’énergie pour accompagner notre mode de vie non durable.

– Cependant, le PG reconnaît qu’ITER est avant tout un instrument de recherche dont les retombées iront bien au delà de la fusion pure et simple. Et que l’opposition du PG à l’exploitation industrielle de la fusion n’EST PAS une raison pour s’opposer à ITER. En ce sens, le PG reconnaît que les travaux de recherche ne peuvent pas être orientées directement par des considérations politiques mais restent la propriété des instances de recherche.

Conclusion

ITER est un projet de recherche, pouvant mener à de grandes découvertes dans différents domaines pas forcément prévisibles. Celles-ci ne peuvent être réalisées qu’à travers un projet de recherche de grande ampleur, difficile et long. Un élan existe, un projet se construit – il a des défauts, il doit être accompagné, les choix doivent être discutés démocratiquement – mais une telle opportunité, qui a mis plus de 20 ans à se construire, ne pourra pas se recréer une seconde fois et ne doit pas être abandonnée.

C’est pourquoi le PG doit être favorable à ITER en tant que centre de recherche (type CERN) et contre tout scénario prospectif faisant apparaître ITER comme une solution à la crise écologique.

Le PG pose aussi comme étant incontournable la consultation des citoyens quant au passage d’une technologie conçue dans le cadre de la recherche, vers la société afin de garantir l’indépendance de la recherche dans les choix des techniques qui lui sont nécessaires, et de garantir également la maîtrise des citoyens quant à l’orientation de leur société, via les avancées technologiques qu’ils souhaitent, ou non, intégrer dans le quotidien de leur vie.

La rente financière au privé et la fin des diplômes universitaires

Les propositions de lois actuellement à l’étude en commission de la culture, de l’éducation et de la communication du sénat (Article L. 762-2 et L. 344-4) mettent en place un système de rentes financières sur des décennies de l’état vers des groupes privés et la fin des diplômes délivrés par les universités.
Avec les modifications proposées par le gouvernement, les Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) pourront se voir confier par l’État, la maîtrise d’ouvrage de constructions universitaires. Or dans un PRES, les membres fondateurs peuvent être des instituts confessionnels mais aussi des écoles consulaires, qui sont des organismes dépendant des Chambres de commerce et d’industrie, sous la tutelle du ministère de l’Industrie.
Les nouveaux bâtiments construits par les PRES, pourront alors être financés par l’état au travers des universités publics par l’intermédiaire de Partenariats Publics-Pivés (PPP) dotés de 200 à 300 M€ d’Autorisation d’Engagement (AE) selon V. Pécresse. Ces PPP sont des emprunts à rembourser en 30ans.
De plus, ces PRES pourront conclure des contrats sur ces biens pour conférer des droits réels à des tiers, c’est à dire au domaine privé.
On peut alors imaginer la constitution d’une Société Civile Immobilière (SCI) qui pourrait avoir pour actionnaires un PRES (avec des membres de l’enseignement privé) mais aussi une entreprise privée de Bâtiments et Travaux Publics ainsi que la Caisses de Dépôts et Consignation.
Cette SCI, qui sera donc propriétaire du bâtiment construit par un groupe du BTP (peut être le même que l’actionnaire privé) aura toutes les compétences pour fixer le loyer ou les mensualités du crédit à rembourser. L’université qui va payer ce loyer ou cette mensualité le fera par l’intermédiaire de sa dotation venue de l’État. Ainsi une rente est garantie sur des décennies à un groupe du BTP…De plus comme le PRES peut désormais vendre ses bâtiments, on peut imaginer qu’il le fasse et ensuite en fasse reconstruire d’autres par des groupes du BTP pour les louer de nouveau aux universités ! Ainsi de suite…
La deuxième loi à l’étude, est le cheval de Troie !
Un PRES peut être habilité à délivrer des diplômes nationaux. Or seule actuellement les universités sont habilités à délivrer des diplômes. Par exemple, l’institut confessionnel d’Angers, qui se fait appeler « Université Catholique de l’Ouest –UCO- » est membre associé du PRES Université Nantes Angers Le Mans. À ce titre, cet institut confessionnel privé, au travers du PRES, pourra donc délivrer un diplôme d’état. Et comme il sera le seul à proposer un master des métiers de l’enseignement sur cette région, il pourrait se voir ainsi déléguer la formation des maîtres de l’enseignement privé et public ! Cet institut confessionnel privé, au travers du PRES qui est une structure publique, pourra donc délivrer un diplôme d’état.
Un PRES ne possède pas de Conseil des Études et de la Vie Universitaire (Le CEVU pilote la politique pédagogique, les questions relatives aux formations et les conditions de vie et d’études des étudiants) ni de Conseil Scientifique (Le CS pilote la politique de recherche de l’Université). Il n’y a aucun organe ni d’instance pour contrôler le Comité d’Administration du PRES.
Mais ce n’est pas tout ! Désormais un établissement ou un organisme public ou privé concourant aux missions du service public de l’enseignement supérieur ou de la recherche pourrait délivrer un diplômes ! C’est à dire que n’importe quel organisme professionnel certificateur ou formateur pourraient donc délivrer des diplômes nationaux !
Nous voilà concrètement, par la loi, dans la délégation du service public au privé et la mise ne place de rentes décennales aux groupes de BTP !
Chantelot Pierre