François HOLLANDE a dévoilé son équipe en charge du volet éducation.

Il s’agit d’Alain CLAEYS, maire de Poitiers pour l’enseignement supérieur et le député Jean-Yves LE DÉAUT pour la recherche.

Alors même si Alain CLAYES s’est fait le chantre de la performance à tout crin dans l’université, F. Hollande s’est entouré de « plus fort » encore…

Car dans son équipe, figure aussi Lionel COLLET, ancien président de la CPU de 2008 à fin 2010, qui a pensé toute la loi LRU. On se souvient que ses propositions à l’époque allaient même au-delà de la loi Pécresse actuellement en vigueur.

Rappelons en outre que Lionel COLLET estime que le noyau dur de cette loi, fondée sur la déconcentration de la gestion des universités, doit être préservé. Et même s’il est ouvert à des évolutions du modèle de gouvernance des établissements, il propose néanmoins  que chaque président d’université ne soit en charge que de l’administration de celle-ci…donc un super gestionnaire administratif avec des objectifs de performance. Il fera donc « bonne équipe » avec A. CLAEYS.

Enfin, pour finir le tableau, L. Collet aimerait bien pouvoir rapidement augmenter les frais d’inscription :« on nous donne l’autonomie des dépenses mais pas celle des recettes, notamment sur les frais d’inscription ». Avec de telles lames, le programme que le candidat Hollande concocte, sera bien plus proche des propositions du Club Terra Nova qui refusait l’abrogation de la LRU et qui conseillait une augmentation très sensible des frais d’inscription afin de participer au financement des universités que de ce qu’attendent les étudiants et la jeunesse.

A ce propos, le texte de l’accord entre le PS et EELV en proposant seulement «des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche… organisées afin de réexaminer la loi LRU et de trouver les voies pour mieux garantir l’indépendance de la recherche », est en très net recul et s’apprête à renoncer à une rupture avec les réformes de Sarkozy à l’Université…

L’équipe du candidat socialiste n’est pas un bon signal envoyé à la communauté universitaire qui s’était mobilisée sans précédent dès 2007 contre le projet de loi LRU et d’une rupture brutale et franche avec l’ensemble des valeurs portées par la Gauche. Le fait que B. Monthubert qui a soutenu A. Montebourg en soit écarté est symptomatique!

Le projet socialiste porte au travers des personnes qui l’incarne des éléments forts et clivants avec notre propre vision de ce que doit être l’enseignement supérieur et la recherche comme service public.

Le parti de Gauche garantira son soutien sans faille à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par la mise en place d’un plan pluriannuel de recrutement de fonctionnaires et de financement gommant les inégalités entre établissements et permettant une réelle liberté de recherche et pédagogique.

 

Chantelot Pierre

Perdereau Patrice

Des budgets d’universités en déficit!

À la suite du président de l’Université de Bretagne-Sud, celui de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, officialise dans la presse une situation inédite provoquée par les réformes destructrices du gouvernement Sarkozy: il ne pourra pas boucler son budget 2011. Il manque deux millions d’euros pour terminer l’année et plus encore sans doute en 2012. Il y a quelques jours, c’était le Conseil d’Administration de l’Université de Nantes qui adoptait un budget primitif 2012 en déséquilibre, provoquant la réaction immédiate du Recteur de l’Académie, qui plaçait l’établissement sous sa tutelle financière. Chaque jour la liste ne fait que s’allonger. On est donc loin des promesses du candidat Sarkozy d’augmenter d’1,8 milliards d’euros par an soit 9 milliards sur la durée du mandat.

Voilà où nous ont mené la RGPP, la LRU, les RCE, la politique des « pôles d’excellence »et l’arrêté licence. Voilà où conduit l’autonomie : à la baisse des moyens et au déficit aujourd’hui puis demain à la dette, diront ils!

Pour faire face, les université exsangues n’ont que la triste possibilité d’ajuster leur masse salariale pour équilibrer leur budget ! Or cette masse salariale doit être revue continuellement à la hausse car la fameuse autonomie a donné lieu à une dérive du transfert de charges supportées par les université sans que l’Etat ne les compense. Et ce n’est pas la rallonge promise par le Ministre Wauquiez au dernier moment, pour l’ensemble des 82 universités, de 14,5 millions d’euros pour financer le GVT (glissement – vieillesse – technicité) qui changera grand chose ! L’Etat a donc réussi son tour de passe-passe hypocrite en faisant faire le sale boulot par les universités qui sont obligées de sacrifier leur personnel par des suppressions d’emploi préventives en gelant des postes ou leur formations en les fermant purement et simplement.

Les laboratoires notés A et A+, étant aussi touchés, la course à « l’excellence » avec l’évaluation par l’AERES est bien un véritable marché de dupes dont personne aujourd’hui n’est plus à l’abri !

À l’heure de l’organisation par l’Etat de la pénurie de moyens pour l’ensemble des universités, le partage de la richesse, les valeurs de solidarité et de collégialité doivent revenir au premier plan ! Sinon, nous attendrons peu de temps pour nous entendre dire que l’augmentation des frais d’inscription et d’études est la seule solution possible.

Le Parti de Gauche exige les moyens nécessaires pour le Service public d’enseignement supérieur et de recherche. Ces moyens doivent être attribués de manière transparente. Le Parti de gauche s’oppose à la régression du budget 2012 pour l’ESR et fixe pour priorité d’atteindre en 5ans les 3% du PIB pour la recherche civile et des crédits des fonctionnement d’un montant moyen de 12000 euros par étudiant dans le cycle licence.

P. Chantelot

P. Perdereau

Le prix Nobel de médecine consacre le modèle historique du CNRS !

Le prix Nobel de médecine a été décerné cette année au français Jules Hoffmann. Jules Hoffmann se voit ainsi récompensé pour ses travaux fondateurs. Quelle audace pouvait représenter au début de son parcours l’étude de la composante innée de l’immunité, utilisant de surcroît le modèle de la mouche drosophile ! De nos jours, cette recherche serait sans doute impossible à accomplir en France.
Ce prix récompense des années de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Cet organisme dont le modèle est la cible de l’idéologie de marchandisation des savoirs depuis le traité de Bologne en 1999 a été fustigé par Nicolas Sarkozy dans son discours de janvier 2009.
Tout en se félicitant de l’obtention de ce prix Nobel, le pouvoir en place poursuit sa politique de démantèlement et de déstabilisation de l’ensemble de la recherche au sein des établissements publics et des universités. Les personnels et leurs instances représentatives n’ont plus la main : la démocratie sociale a laissé la place à une bureaucratie pilotée par le pouvoir.
Pacte pour la recherche, loi LRU, grand emprunt, laboratoires, équipements et initiatives dites d’excellence (labex, equipex, idex) sont des leurres qui délitent le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Le budget , en recul de 0,7 % en pouvoir d’achat, se situe sous la moyenne des pays de l’OCDE : en 2010,  la France n’est qu’au 26ème rang mondial pour les crédits de recherche et développement civil en pourcentage du PIB. Le retard se creuse car l’effort de recherche français stagne depuis des années alors qu’il est en nette croissance dans les pays du nord de l’Europe.
La recherche publique et l’enseignement supérieur sont, comme les retraites, l’école publique ou la santé, dans la ligne de mire des politiques d’austérité menées depuis la Loi Organique Relative aux Lois de Finances de 2001 jusqu’à ce rouleau compresseur néolibéral qu’est la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) de 2007. Quand une politique est basée sur l’intérêt de quelques grands groupes qui par exemple utilisent les crédits impôts- recherche comme une niche parmi d’autres, et non à des fins de recherche scientifique, on peut affirmer que les prix Nobel de demain sont sacrifiés !
Warren Buffet déclarait : « La guerre des classes existe, c’est un fait ! Mais c’est la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter. » Déterminé dans cette lutte, le Parti de Gauche rappelle que l’Etat doit être au service de tous et qu’il n’a pas à être mis au service d’une minorité.
Nous proposons le financement d’une recherche sur le long terme, dans des structures à nouveau démocratiques, dans un esprit de collaboration et ni de subordination ni de concurrence. Pour récolter aujourd’hui le fruit de l’arbre, il faut planter bien longtemps auparavant une graine sur un terreau fertile, vision incompatible avec les logiques de rentabilité immédiate.

 

Commission Enseignement Supérieur et Recherche

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